De: Costa Gavras
Le pich : Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Alexis, Yanis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion.
Il fallait oser raconter une histoire de négociation de dette et de relations avec la bureaucratie européenne. C'est non seulement complexe d'intéresser le spectateur mais surtout casse gueule d'en tirer des traits dramaturgiques et des enjeux suffisamment clairs.
Yanis Varoufakis, célèbre ministre des finances et héros du film est interprété brillamment par Christos Loulis tandis que Alexandros Bourdoumis joue un Alexis Tzipras empli de doutes et de convictions de façon tout aussi convaincante.
Costa Gavras nous parle d'hommes sincères politiquement et mandatés par leur peuple, qui se confrontent à la brutalité de fonctionnaires européens obtus mais aussi de politiques dont le ministre des finances allemand, qui ne croient qu'à une seule doctrine et sont totalement sourds à tout dialogue. Il y montre un courage politique de David contre Goliath, d'individus d'extrême gauche au départ qui tentent de trouver des compromis face à la réalité mais n'arrivent pas à trouver la moindre envie d'échange de la part d'une Europe unie et inflexible.
Les conséquences sociales pour le quotidien des grecs est alors le dernier souci des "partenaires" européens qui vont traiter leurs homologues avec déférence, mépris, suffisance et colonialisme. On peut en effet s'émouvoir du n'importe quoi et des mensonges des politiques grecs durant des décennies. Mais rester sourd à la souffrance des individus pour de sacro saintes règles financières vire à l'absurde, surtout lorsque le ministre Varoufakis apporte des débuts de plans pour s'en sortir, rééchelonner la dette et faire repartir le pays. Le cercle vicieux d'étouffement du pays est très bien expliqué tout comme le caractère vautour de prêteurs tirant sur un ambulance en prêtent à des taux usuraires à un pays en plein naufrage. On y voit également comment des fonctionnaires de grandes instances exigent que le pays brade ses aéroports et autres entreprises à de vils prix.
Le cauchemar de l'hypocrisie et de la manipulation politique puis du lynchage médiatique font froid dans le dos.
On peut certes ne pas être d'accord avec la vision partisane du réalisateur mais on peut difficilement ne pas trouver dangereux le poids de certains individus européens zélés sur les choix démocratiques. Pourtant très pro européen, je ne peux que constater l'impact de cette suffisance et cette certitude d'avoir raison face à des politiques publiques qui ne fonctionnent pas toujours et la montée des extrêmes. Costa Gavras nous montre une Europe qui s'éloigne des peuples et refuse d’évoluer, de se remettre un tout petit peu en question et même de dialoguer, au nom de dogmes qui n'ont pas fait leurs preuves.
Ce récit palpitant et éminemment politique est à la fois drôle, courageux et d'une grande pédagogie.
Merci Costa Gavras de poursuivre votre enragement à votre âge vénérable et j’attends de pied ferme votre prochain film.
La piste aux Lapins :
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