De: Christopher Nolan
Dom Cobb a appris à développer la technique de l'Inception qui consiste à entrer dans le subconscient d'un individu durant son sommeil. Il en a fait une arme redoutable d'espionnage industriel. Pour cette raison il est recherché par toutes les polices et ne peut revoir ses enfants. Mais un jour un magnat lui demande de monter un coup inédit en échange de beaucoup d'argent et de la possibilité de rentrer aux Etats-Unis.
Ce qui frappe le plus à la vision de ce film tant attendu, deux ans après "Batman-The dark knight", c'est la minutie, le timing d'orfèvre, l'exigence avec laquelle Christopher Nolan et son frère Nathan ont écrit le scénario. Un récit labyrinthique et architectural faisant référence lui même à ce voyage dans l'esprit d'autrui, cette Inception.
Nolan nous livre un film intelligent, qui part du postulat que le spectateur l'est aussi. A la fin de la projection, on se dit que c'est très rare de tomber sur de tels films, libres dans leur construction parceque l'auteur a permis au studio Warner d'obtenir l'un des plus gros succès du box office il y a deux ans avec Batman. Et qu'est ce que c'est jouissif de visionner un excellent thriller de science fiction, d'un tel niveau formel et d'une telle rigueur d'esprit là où Hollywood nous assène des remakes, reboots et suites en pagaille.
Une idée originale, bien plus que celle de Matrix, pas de comparaison possible et dans le genre SF , très casse gueule en soit, ce qui renforce le succès artistique d' "Inception".
Christopher Nolan décide donc d'invoquer tous ses thèmes de prédilection pour nous livrer un film somme. Nous retrouvons les références à la mémoire et à ses méandres (Memento et Insomnia), les regrets d'une relation gâchée et la volonté de rattraper le passé, de se reconstruire une identité (The dark knight) ou la manipulation des illusions (Le prestige).
Mais à ceci Nolan ajoute ce qu'il a appris sur Batman begins, le cinéma d'action. Ce qui marque étrangement c'est justement cette action permanente très référencée à la Michael Mann (Heat) comme arrière plan d'une intrigue complexe mais pas incompréhensible. Disons qu'il faut rester éveillé et vif et ne pas voir le film complètement crevé, ce serait une connerie. C'est d'ailleurs peut être son grand défaut et sa grande qualité aussi, son paradoxe, à savoir qu'il ne tient pas tellement la main du spectateur. C'est qu'en fait, nous ne sommes pas en présence d'un film grand public. Nous avons un trompe l’œil, à l'image des illusions du film. Le film a l'allure d'un divertissement mais c'est un film d'auteur!
La transformation architecturale des villes que nous donne à voir Nolan est inédite, tout simplement. Inception joue habilement de l'effet de poupées russes et alterne entre film d'espionnage à la 007, film de SF, film de casse, et une histoire plus profonde d'acceptation du passé, aussi maligne que celle de Shutter Island de Martin Scorcese, où jouait récemment Léo.
Léonardo Di Caprio habite son rôle avec la même intensité que dans Shutter Island et s'affirme à nouveau comme l'un des plus grands acteurs du moment, ayant perdu au fil des derniers Scorcese son physique poupin tête à claque et s'étant masculinisé avec l'âge.
La jeune garde US est aussi excellente. Joseph Gordon-Lewit trouve son premier rôle principal dans un tel film et sera sans nul doute l'une des stars de demain et peut être le méchant du 3ème Batman de Christopher Nolan. Son Mysterious skin m'avait mis la puce à l'oreille il y a quelques années. Ellen Page (Juno) Cillian Murphy ( le vent se lève) et Tom Hardy (le futur Mad Max) sont tous justes et très bien castés. Enfin Marion Cotillard dégage un charme incroyable, son histoire hollywoodienne n'est pas prête de s'arrêter. Ce condensé très riche visuellement comme scénaristiquement du style Nolan est donc efficace et vif. C'est une nouvelle claque cette année pour moi après Tetro de Coppola et dans une moindre mesure Shutter Island, The Ghost Writer et Moon.
La piste aux Lapins :
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