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J'ai tué ma mère

De: Xavier Dolan



Le pitch : Hubert a un problème. Il n'éprouve pas d'amour pour sa mère. Sa vie à la maison est en enfer. Il a seize ans, il est beau, intelligent, cultivé et ne comprend pas ce qu'il fout dans cette famille mono-parentale. Rien en commun. Alors...est il juste un petit con prétentieux ou est ce plus complexe ?

Je comprend mieux l'enthousiasme à l'accueil de ce film. Xavier Dolan réussit en effet sur tous les tableaux, que ce soit sa propre prestation d'acteur en premier rôle et celui de Anne Dorval dans celui de la mère, sa réalisation inspirée, son sens du montage, de la bande son. Un premier film très réfléchi sur un thème somme toute original.

En effet, les enfants sont ils forcément obligés d'aimer leurs parents ou inversement ? Ou plutôt, cet amour là s'avère bien différent de celui porté aux amis ou à la personne avec qui on partage sa vie ou un bout de vie. C'est une relation imposée à un être dont on doit la vie mais qui ne nous a pas forcément apporté tout ce qui nous a construit. Une partie, plus ou moins importante mais fondatrice du caractère, des peurs et des volontés. On dit bien qu'on cherche à ne pas refaire les même erreurs que la génération d'avant. Mais on oublie aussi les réussites inculquées dès le plus jeune âge. Et y'a t'il pire juge que ses propres enfants lorsque ces derniers arrivent à l'âge adulte ? Pas certain.


Xavier Dolan nous donne une vision particulière de cette sortie de l'adolescence. La mère en question aime son enfant mais tout dans ses goûts, ses centres d'intérêts et sa manière de communiquer l'oppose à ce fils artiste. Il est intransigeant, il est très dur dans ses mots, il réclame du dialogue mais parait s'adresser à une personne autiste, même si il hurle. Les deux individus ont de bonnes raisons de ne pas faire avancer les choses vers le consensus. Ce fils est à des années lumières de l'univers culturel de sa mère qui s'abrutit devant sa radio et ou sa télévision et c'est l'un des points de rupture essentiel dans cette non-communication, avec l'absence du père, bien entendu. La mauvaise foi du fils, la manipulation de la mère incapable d'évoluer, de se remettre en question, d'écouter, tous les ingrédients sont là pour que la vie au quotidien soit explosive. Un amour-haine particulièrement cinégénique. Suicidaire, romantique, emporté, on peut détester le personnage du fils ou y adhérer. Peut être une question de souvenir, se rappeler la personne qu'on était à cet âge. Quant à la mère, le réalisateur réussit son portrait en ne tombant pas dans la facilité, en lui donnant des touches de nuances au fil du film telles les touches de peintures que le fils apporte à ses tableaux. On affine le trait pour mieux instaurer ce si délicieux malaise.

Cette approche mère-fils s'avère pertinente, sans mièvrerie aucune, juste franche et efficace. C'est une histoire d'autant plus rude qu'il s'agit bien d'un couple inséparable jusqu'à la majorité de l'enfant puisqu'il n'y a qu'un parent et qu'un seul enfant.

On peut reprocher au film d'être plein comme un oeuf, trop bavard, trop démonstratif, trop d'effets de mise en scène...Et bien moi non, je préfère cette fulgurance narrative à un minimalisme mou du genou.


Tant qu'on évite la caricature et les propos éculés, pourquoi ne pas réaliser de belles images, trouver de bons mots. Le talent n'attend pas. Et Xavier Dolan sait qu'il a du talent, qu'importe, ce n'est pas le premier artiste nombriliste, c'est même plutôt le dénominateur commun à tout besoin d'introspection artistique. Ce reproche là que j'ai lu à l'époque de la sortie me semble donc vain et hypocrite.

Cependant le danger d'un tel accueil c'est bien entendu d'inciter Xavier Dolan à poursuivre dans ce qui pourrait virer au narcissisme et qui serait dommage. Il s'est arrêté juste à temps dans son premier film, évitant l'esbroufe, la frime. Son second long métrage, "les amours imaginaires" est en compétition au festival de Cannes 2010 en sélection parallèle "Un certain regard". Espérons qu'il confirme tout le bien que bien des cinéphiles pensent de lui !


La piste aux Lapins :





























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