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"Le deuxième acte"



Quentin Dupieux poursuit son rythme effréné de films toujours basés sur un concept surréaliste et pas chers à produire, donc très rentables car désormais ses films ont du succès. Il réalise des films courts d'1h10 à 1h20 pour ne pas "prendre en otage les spectateurs" et ceci lui permet d'éviter d'écrire des scénario trop complexes et d'aller plus vite.


Avec 13 films depuis 2007 dont 6 films en 4 ans, l’iconoclaste réalisateur a réussi ce qu'il ratait avant. Il avait un style et des aficionados de Rubber, son pneu tueur, mais seul Réalité en 2014 avec Alain Chabat et Le Daim en 2019 tenaient la durée et ne retombaient pas à un moment. J'appelais cela une forme de flemme, sympathique mais qui donnait des films imparfaits où on voyait clairement qu'il avait lancé le film sans finir le scénario comme pour Mandibules, Au Poste ! ou Fumer fait tousser.


Depuis trois films, Dupieux a monté en grade d'un point de vue box-office mais aussi d'un point de vue qualitatif, ses scenarii étant plus aboutis. Incroyable mais vrai était une vraie réussite tout comme Yannick qui a cartonné et son jouissif son Daaaaaali !


Tourné en 15 jours, "Le deuxième acte", intègre de nouveaux venus dans son univers complètement perché avec Vincent Lindon, Léa Seydoux et Louis Garrel mais ramène la découverte de 2023 qui a déjà joué chez lui, Raphaël Quenard.


Le film est déjà extrêmement drôle à bien des moments et les quatre acteurs s'éclatent à jouer dans le film. Au sein de la filmo de Dupieux, c'est le film qui se rapproche le plus d'un certain Bertrand Blier, époque faste. Et çà, c'est du gros compliment ! Le réalisateur choisit de se moquer du monde du cinéma avec un film en forme de poupées gigognes, comme il l'a déjà fait sur certains opus passés, mais là avec un plaisir jouissif. Tout y passe de #MeToo à la sexualité des stars, leur ego déguisé en humilité de façade, leurs grands combats qui s'effacent pour un rôle, leur condescendance avec les figurants, leur bonne morale politique et même les dangers déshumanisants de l'intelligence artificielle ! Mais là où c'est très fort, c'est que l'autocritique est plus nuancée que cela car elle joue de ce film dans le film et perd les repères volontairement pour que chacun s'y retrouve entre autodérision du métier sur lui-même, de l'importance de ce monde qui ne créé rien de concret, que de l'imaginaire. Belle réflexion aussi sur l'importance des artistes même dans la tragédie. Et sous couvert de satire, le film rend au final un hommage vachard mais sincère au pouvoir de cet imaginaire tout en remettant à leur place ceux qui le fabriquent et leur ego injustifié. On pense à un autre film de Blier moins réussi, Les acteurs, et on se dit qu'au final c'est Dupieux qui réussit l'exercice, quelques années après La Bal des actrices de Maiwen.


Le génie du concept est donc ce jeu de miroirs sur le reflet que veut véhiculer l'artiste, la manipulation aussi et en le faisant sous mode de farce qui ne se prend jamais au sérieux et donc n'est jamais barbante. Il permet à Dupieux sans jamais les montrer de mettre en valeur les autres métiers, caméraman, perchiste, monteur etc..taquin sans être si méchant que celà, plus affectueux que mélancolique, "Le deuxième acte" est l'un des meilleurs opus de son auteur, et comme il apprend de film en film, Quentin Dupieux n'a pas finis de nous surprendre.


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