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Les visiteurs

De: Elia Kazan



L'histoire : Par un jour d'hiver, deux ex militaires ayant servi au vietnam débarquent chez un ancien condisciple (James Woods, un de ses premiers rôles) qui vit avec sa femme et son bébé dans une ferme isolée. Que sont-ils venus faire ? Et sont-ils bien intentionnés ?


"Les visiteurs" est un grand film paranoiaque comme les années 70 nous en ont livré, "les chiens de paille" de Sam Peckinpah en tête. On pense aussi, plus récemment, à "Funny games" de Mickael Hanneke, pour la violence des rapports, la tension qui s'en dégage, même si la comparaison s'arrête là. Ce huit clos à cinq personnages dans une ferme isolée n'a rien à envier au films précités. Le stress provoqué par les deux intrus est troublant. On ne sait ce qu'ils recherchent et si la vengeance est leur moteur ou si au contraire ils cherchent la rédemption. Et Kazan ne tombe jamais dans le cliché du film de genre, ce serait trop facile. L’œuvre de Kazan fait de cette incertitude un personnage à elle toute seule.


Mais ce qui est brillant, c'est de confronter, pour une fois, la cruauté cauchemardesque des GI revenant du vietnam, qui ont perdu tout sens moral sur le front, à l’angélisme des militants anti-guerre, qui ne connaissent que théorie et grandes idées mais n'ont rien vécu de cet enfer. Le thème est traité sous l'angle du choix. Doit-on se comporter en héros au sens moral ou en héros au sens patriotique lorsque l'on est soldat au sein d'une véritable boucherie ? Quelles sont les conséquences de ces choix ?

Elia Kazan livre un film autobiographique car lui, qui a dénoncé à la commission Mac Carthy ses amis soupçonnés d'être communistes, lui donc, a fait un choix immoral. Et personne ne lui a jamais apporté le pardon car l'irréparable était fait. Lui, le réalisateur de "sur les quais", "un tramway nommé désir", baby doll", "viva zappata", "à l'est d'Eden", "l'arrangement" et bien d'autres chefs d’œuvres, tous imprégnés d'une si grande humanité qu'il était encore plus difficile de comprendre son acte. Kazan n'a pas su résister face à l'oppression obscurantiste. Et c'est avec difficulté qu'il a monté ce film, à 60 ans, banni de tous. Pour 100.000 $, des comédiens inconnus, un lieu unique et une caméra super 16, il tente d'expliquer son geste à travers ce film à la thématique si proche de son erreur magistrale.


Culpabilité et délation, les fantômes d'Elia Kazan l'ont hanté toute sa vie et ce film est assurément un chef d’œuvre, indispensable à découvrir. Je le tiens à votre disposition.

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