Leurs enfants après eux
- Blanc Lapin
- 8 déc. 2024
- 3 min de lecture
De Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma

Août 92. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.
D’après le roman éponyme de Nicolas Mathieu, publié aux Editions Actes Sud, Prix Goncourt 2018.
Les frères Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma ont signé un film de loup garou dans les Pyrénées, sur un ton décalé, Teddy, et un film de requins avec Marina Fois et Kad Merad, L'année du requin.
Le prix Goncourt de 2018, Leurs enfants après eux, et qui s'est écoulé à 700.000 exemplaires sort donc sous cette adaptation plutôt bien réalisée.
On y suit trois adolescents d'une région sinistrée par la désindustrialisation dans les années 90.
Les ados ne veulent se résoudre à la vie toute tracée qui leur est promise et vont s'enfuir sur une barque pour partir à l'aventure.
Paul Kircher, excellent dans Le lycéen, et qui a explosé dans le film Sf avec Romain Duris, Le règne animal, est le 1er rôle, celui d'un adolescent amoureux d'une jeune femme un peu plus âgée et qui n'arrive jamais à conclure.
On va le suivre sur 8 ans avec des sauts de deux ans ainsi que sa mère incarnée par la toujours excellente Ludivine Sagnier et son père alcoolique par Gilles Lellouche. Angelina Woreth joue donc cette jeune femme et Sayyid El Alami un jeune beur avec qui il est en conflit. Il est intéressant de voir au sein d'une population pauvre qui subit les conséquences de la désindustrialisation, un racisme commun et tout le terreau de ce qui allait diffuser ce sentiment général avec l'arrivée de Marine Lepen à la tête du FN. Ce n'est pas le propos du film mais on y pense forcément.
Après le film pèche par sa longueur et une forme d'apathie des personnages. Elle est certes voulue car ils n'ont pas grand chose à faire mais comme il ne se passe justement pas grand chose, çà devient un peu long à certains moments. Surtout, l'action est propulsée soit par des sauts de deux ans artificiels soit par ce jeune beur qui semble un trop revanchard et dont le personnage est écrit avec une simplification gênante. On ne comprend pas assez pourquoi il est dans autant de colère. On s'en doute, mais tel que c'est décrit à l'écran, c'est surtout le type incontrôlable et dangereux et c'est dommage. Quand au personnage de Paul Kircher, il joue avec le même ton d’adolescent qui ne permet pas vraiment de distinguer les époques et la direction d'acteur aurait pu être plus fine. De même Gilles Lellouche en fait un peu trop. Il joue bien mais çà théâtralise trop. Au final le film a un problème de rythme et d'émotion, qui ne vient jamais véritablement.
Les enjeux politiques du récit auraient du être mieux mis en valeur et c'est frustrant.
Le film est plutôt réussi mais pour un cinéphile, il est frustrant car on voit très bien ce qu'il aurait du être si la mayonnaise avait véritablement pris.
La piste aux Lapins :

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