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Photo du rédacteurBlanc Lapin

Megalopolis

De Francis Ford Coppola

Doublement palmé pour Conversation secrète en 1974 puis Apocalypse Now, en 1979, le réalisateur culte qui n'a rien tourné depuis 2013 et Twixt revient avec un film d'anticipation fou qu'il cherche à réaliser depuis 30 ans et qu'il présente comme son probable dernier film. Pour cela il a autofinancé 100 M$ soit un énorme budget en vendant ses propres vignobles afin d'avoir une liberté créative totale.


Hélas, les critiques assassines de Cannes avaient raison en partie. Je m'étonne d'ailleurs de voir un tiers de la presse sur Allociné trouver le film excellent.


J'aurais tant aimé aimer ce film et j'y allais sans préjugés, voir même avec l'envie de l'apprécier. Pour le geste, le panache de ce grand metteur en scène qui emmerde tout le monde et dilapide son patrimoine pour faire le film qu'il souhaite.


A certains moments, Megalopolis est surprenant et a des éclairs de mise en scène qui rappellent Coup de Cœur ou Twixt soit pas ses meilleurs opus mais des films où le réalisateur se sentait totalement libre d'expérimenter. En ce sens Megalopolis est touchant de part ce qu'il essaie de faire. Coppola nous parle de créativité, de l'indépendance de l'artiste face au consumérisme et à la société des jeux et du pain. C'est naïf et hélas c'est cliché. Son film aurait pu prendre car c'est une fable et c'est annoncé comme tel dès le départ. On aurait pu passer sur certains effets spéciaux franchement laids et s'extasier sur certaines idées de mise en scène. Le film foisonne de tentatives qui font clairement penser à un jeune réalisateur fougueux qui tente un peu de tout et veux mettre toute sa cinéphilie et ses références à l’écran quitte à passer pour hyper présomptueux. C'est d'ailleurs ce que j'avais trouvé de courageux et de brillant dans Tetro.


Mais ici il manque deux élèvements essentiels, la poésie et l’incarnation. Nombre des passages du film auraient pu largement émouvoir mais ils semblent montés assez mal et les personnages sont trop statiques et on se fiche un peu de ce qui peut leur arriver, on ne s'attache à aucun d'eux. Le côté kitch assumé de ce péplum rétrofuturiste m'a plutôt amusé et ni cet aspect là fortement critiqué ni la mise en scène sans toujours une grande cohérence ni le scénario qui n'est pas du tout complexe et enfonce plutôt des portes ouvertes, ne m'ont plus gêné plus que celà. Bien des films ont ces caractéristiques et sont très réussis. Voire même, les effets spéciaux pas toujours au top auraient pu s'effacer si le casting avait apporté une émotion, une réelle émotion. Pourtant les acteurs au premier rang desquels Adam Driver jouent bien leur partition. Mais çà ne prend pas.


C'est vraiment triste que Coppola finisse sa carrière sur ce film car malgré ses dires, il est peu probable qu'à 86 ans il tourne un autre film après un tel fiasco financier qui s'annonce et alors qu'il met un temps fou entre deux productions. Après, le geste artistique limite punk m'amuse malgré tout. Je n'ai pas tout détesté de ce film relativement difficile à digérer. Il y a certains moments qui font apercevoir ce que le réalisateur voulait montrer, et puis il y a toutes les autres scènes souvent longues où la gène plus que l'ennui prend le dessus.


Ceci n'enlève rien à la filmographie de ce grand Monsieur, c'est juste dommage.


La piste aux lapins :






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