Nosferatu
- Blanc Lapin
- 27 déc. 2024
- 2 min de lecture
De Robert Eggers

Robert Eggers, réalisateur de The Witch et The Lighthouse, et du film de Vikings The Northman réalise donc le remake de Nosferatu, inspiré de Dracula et qui a marqué avec la version de F.W. Murnau en 1922 puis celle de Werner Herzog.
Ce qui frappe c'est la proximité avec Dracula puisqu'il s'agit exactement de la même histoire (Nosferatu étant à la base un plagiat de Bram Stoker). Très vite on comprend qu'il y aura peu de surprises sur le fil général du récit. Mais Robert Eggers est l'un des formalistes les plus en vue d'Hollywood et l'un des réalisateurs indépendants de renom international qui a éclos depuis moins de 10 ans. Il fait partie de la génération post Guillermo Del Torro ou Wes Anderson.
Si son film ne cherche pas l'originalité de récit à tout prix, il arrive à signer à son tour un petit bijou en s'axant sur des choix de mise en scène et de colorimétrie très marqués. Son bleu délavé rend hommage à ses deux prédécesseurs tout en portant une touche gothique assumée. Plusieurs idées brillantes traversent le film de la lévitation de Lily Rose Depp et ses cauchemars vraiment effrayants, à l'arrivée de Nicholas Hoult au château du comte, hommage sublime en noir et blanc jusqu'à cette main de Nosferatu qui s'étend en ombre sur la ville. Le film est somptueux de bout en bout.
Bill Skarsgård a lui aussi une apparence très différente des deux précédents Nosferatu plus proche de ce que l'on imagine d'un cadavre de comte des Carpates, très loin aussi des incarnations de Dracula, et c'est tant mieux. Nicholas Hoult joue lui le mari de la victime et s'en tire haut la main avec ce premier rôle où il oscille entre divers sentiments d'effroi et de terreur. Il est très bon. C'est décidément une année riche qui s'ouvre pour lui après la réussite de Juré N°2 de Clint Eastwood et avant son rôle de suprémaciste blanc dans The Order avec Jude Law, dont la presse de Venise était excellente et bien sur son Lex Luthor dans le Superman de James Gunn à venir en 2025.
Lily Rose Depp trouve son premier vrai rôle marquant et joue à merveille soit la femme possédée soit l’ambiguïté entre force de caractère et l'abandon au monstre. Elle porte le film de son interprétation et ceci devrait lui ouvrir des rôles plus intéressants à l'avenir.
En mettant son personnage au centre du récit, Robert Eggers féminise l'histoire en ne faisant pas de cette femme un faire valoir à la terreur, son personnage ayant bien plus de caractère que dans toutes les incarnations précédentes. Willem Dafoe, acteur fétiche du réalisateur et acteur culte tout court, complète le casting avec toujours autant de classe et de brio. Sa filmographie déjà hallucinante s'accroche une nouvelle étoile. La forme n'écrase donc pas le fond romantique et reste nuancée, en laissant plus de place aux personnages du couple par rapport au monstre, avec plus de noirceur que d'autres illustrations et une thématique de l'oppression masculine bien plus marquée. Nosferatu est un vrai film d'épouvante inspiré et moderne, qui a su digérer ses influences pour faire formellement autre chose avec des personnages plus écrits.
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