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"Pauvres Créatures"

De Yorgos Lanthimos




Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents.


Après The Lobster et Mise à mort du cerf sacré, puis l'excellent "La favorite", qui a valu à Olivia Colman l'Oscar de la meilleure actrice, Yorgos Lanthimos poursuit son excellente carrière et s'impose peu à peu comme un réalisateur avec qui il va falloir compter.


Il retrouve l'une de ses actrices de "La Favorite", à savoir Emma Stone pour une variation libre autour du mythe de Frankenstein.


Adapté du livre Poor Thing d’Alasdair Gray, le réalisateur joue toujours autant de son humour cynique et le goût du malaise qui caractérisent ses films. Mais là il y va très fort.


La salle riait très souvent avec cette galerie de personnages portés par d'excellents acteurs pour des rôles peu évidents, de Willem Dafoe en sorte de docteur Frankenstein qui de scientifique imperméable aux sentiments va découvrir une forme d'humanité, Mark Ruffalo absolument génial en bourgeois égotique et mâle dominant libertin imbu de ses propres certitudes, ou Rami Youssef en seul homme à peu près sincère et aimant. Car c'est clair que le palot Barbie peut aller se rhabiller. "Pauvres créatures" est un pamphlet contre le patriarcat d'autant plus efficace qu'il est très drôle et très intelligent.


Emma Stone trouve quant à elle le meilleur rôle de sa carrière. Elle est absolument bluffante de bout en bout de folie, le regard perdu d'un bébé dans un corps de femme. Sa dégaine est hilarante est frappée. Puis peu à peu son jeu change par petite touche au fur et à mesure que le personnage évolue, l'humanité dans le regard s’allumant peu à peu telle une lampe à pétrole qu'on ouvrirait progressivement... de plus en plus lumineuse. Si elle n'a pas l'Oscar de la meilleure actrice au nez et à la barbe de Margot Robbie pour Barbie, je n'y comprend plus rien. Car oui, la vraie Barbie, c'est elle !


Et que dire de la mise en scène brillante de Yorgos Lanthimos qui déjà avait fait un bond de créativité avec "La favorite". Ces grands angles de caméra auraient pu lasser tout comme son jeu de miroirs sorcières. Mais non car ce côté too much, s’inscrit totalement dans le récit qui alterne entre décors de carton-pâte que Terry Gilliam aurait totalement revendiqué à des décors d'époque victorienne somptueux. Le film est non seulement magnifique visuellement mais en plus imaginaire tordu du réalisateur est sidérant.


En attribuant le Lion d'Or à Venise à ce bijou, ce chef d’œuvre instantané, Damien Chazelle alors président du Jury, ne s'y est pas trompé. Le film marche très bien et récolte des prix de partout et Yorgos Lanthimos tout comme son actrice principale Emma Stone vont très probablement voir leur carrière prendre une autre dimension. Et j'en suis très très content car autant de talent c'est rare et la satisfaction d'avoir pris une énorme claque en voyant un chef d’œuvre de ce calibre, c'est une à trois fois par an quand on a de la chance.


Bref courrez y !!!!!!


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