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Plateformes : que voir sur Canal+, Netflix, Apple tv, Amazon

Dernière mise à jour : 8 déc. 2024





On me dit souvent "mais où peut on voir les films dont tu parles vu qu'on ne va jamais au cinéma ?" et on me dit souvent "ben tu devrait préciser où ils passent tes films, sur quelle plate forme".


Et bien votre blanc lapin l'a fait ! Avec cette nouvelle rubrique qui sera tenue à jour, je vous aisélectionné des pépites plus ou moins anciennes de films disponibles sur ces Canal+, Netflix, Apple tv et Amazon avec à chaque fois une ligne de synthèse et le lien vers ma critique ou carrémment ma critique.. Profitez en pour rattraper les films listés que vous avez la chance de ne pas avoir encore vus !



"Pauvres Créatures"

De Yorgos Lanthimos

Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents.


Après The Lobster et Mise à mort du cerf sacré, puis l'excellent "La favorite", qui a valu à Olivia Colman l'Oscar de la meilleure actrice, Yorgos Lanthimos poursuit son excellente carrière et s'impose peu à peu comme un réalisateur avec qui il va falloir compter.


Il retrouve l'une de ses actrices de "La Favorite", à savoir Emma Stone pour une variation libre autour du mythe de Frankenstein.


Adapté du livre Poor Thing d’Alasdair Gray, le réalisateur joue toujours autant de son humour cynique et le goût du malaise qui caractérisent ses films. Mais là il y va très fort.


La salle riait très souvent avec cette galerie de personnages portés par d'excellents acteurs pour des rôles peu évidents, de Willem Dafoe en sorte de docteur Frankenstein qui de scientifique imperméable aux sentiments va découvrir une forme d'humanité, Mark Ruffalo absolument génial en bourgeois égotique et mâle dominant libertin imbu de ses propres certitudes, ou Rami Youssef en seul homme à peu près sincère et aimant. Car c'est clair que le palot Barbie peut aller se rhabiller. "Pauvres créatures" est un pamphlet contre le patriarcat d'autant plus efficace qu'il est très drôle et très intelligent.


Emma Stone trouve quant à elle le meilleur rôle de sa carrière. Elle est absolument bluffante de bout en bout de folie, le regard perdu d'un bébé dans un corps de femme. Sa dégaine est hilarante est frappée. Puis peu à peu son jeu change par petite touche au fur et à mesure que le personnage évolue, l'humanité dans le regard s’allumant peu à peu telle une lampe à pétrole qu'on ouvrirait progressivement... de plus en plus lumineuse. Si elle n'a pas l'Oscar de la meilleure actrice au nez et à la barbe de Margot Robbie pour Barbie, je n'y comprend plus rien. Car oui, la vraie Barbie, c'est elle !


Et que dire de la mise en scène brillante de Yorgos Lanthimos qui déjà avait fait un bond de créativité avec "La favorite". Ces grands angles de caméra auraient pu lasser tout comme son jeu de miroirs sorcières. Mais non car ce côté too much, s’inscrit totalement dans le récit qui alterne entre décors de carton-pâte que Terry Gilliam aurait totalement revendiqué à des décors d'époque victorienne somptueux. Le film est non seulement magnifique visuellement mais en plus imaginaire tordu du réalisateur est sidérant.


En attribuant le Lion d'Or à Venise à ce bijou, ce chef d’œuvre instantané, Damien Chazelle alors président du Jury, ne s'y est pas trompé. Le film marche très bien et récolte des prix de partout et Yorgos Lanthimos tout comme son actrice principale Emma Stone vont très probablement voir leur carrière prendre une autre dimension. Et j'en suis très très content car autant de talent c'est rare et la satisfaction d'avoir pris une énorme claque en voyant un chef d’œuvre de ce calibre, c'est une à trois fois par an quand on a de la chance.


Bref courrez y !!!!!!


La piste aux Lapins :





Dune, deuxième partie

Denis Villeneuve avait réussi un exploit en 2021 en réussissant à donner au roman de Franck Herbert un visuel et des personnages emblématiques. Le film était grandiose de par l'immensité des décors, des planètes et alternait avec des personnages très bien écrits et très bien joués par des acteurs excellents.


Mais on avait reproché au film de se couper à mi parcours et de frustrer le spectateur et aussi de manquer un peu d'émotions. Moi personnellement j'avais trouvé le résultat brillant, étant un grand fan de Franck Herbert et ayant dévoré les six livres du cycle de Dune. Villeneuve arrivait à capter cet aspect de SF adulte très complexe à rendre à l'image en gardant une forme de réalisme et la sobriété qui a fait son succès sans ses précédents films, de Premier Contact à Blade Runner2049 en passant par Prisoners, Sicario et Incendies.


Le second film est un gros cran au dessus du premier. Durant la première heure, nous passons beaucoup de temps avec les Fremens, peuple des sables. Non seulement le désert est somptueux et l'action est présente avec plusieurs échanges guerriers avec les méchants Harkonnens, mais surtout, ce choix est fondamental. Il permet à Villeneuve de détailler le caractère de Paul, ses doutes, la naissance de son leadership comme la manipulation de sa mère Bene Gesserit, incarnée par une Rebecca Ferguson au rôle amplifié par rapport au roman. On y voit à la fois le jeu politique et religieux qui faisaient toute la duplicité et l'intérêt du livre, voyant naitre la construction d'un anti-héros. Soit l'opposé de Star Wars et c'est pour cela que j'adore Dune. Le film comme le livre est tout sauf manichéen et les personnages la plupart ambivalents.


Zendaya est excellente en Chani, qui comme l'avait dit Villeneuve, a elle aussi un rôle plus important que prévu. Et c'est une superbe idée que d'en faire une non-croyante qui voudrait juste vivre son amour avec Paul et va voir ce rêve et sa vie d'antan balayée par la force du destin. Son rôle est magnifique, très émouvant et c'est elle la vraie héroïne, spectatrice amoureuse qui ne peut empêcher ce qui va arriver. Timothée Chalamet et elkes sont touchants et Chalamet trouve un rôle d'une grande finesse de par l'évolution du personnage et sa prise de conscience terrible de son destin.


Chaque personnage est très écrit et a son temps d'écran, que ce soit Javier Bardem excellent et attachant en Stilgar ou Josh Brolin en maitre d'armes Gurney Halleck.


Face à eux, les méchants ont enfin un vrai temps de présence avec Stellan Skarsgård en Baron Vladimir Harkonnen le temps d'une dizaine de scènes percutantes tout comme son neveu Raban interprété par Dave Bautista. Mais LE grand absent de Dune première partie était l'un des méchants les plus iconiques de la SF, Feyd-Rautha, le second neveu beau gosse et complètement psychopathe du baron, héritier désigné de ce dernier. Austin Butler, quasi inconnu il y a trois ans,et qui explosé dans le Elvis de Baz Luhrmann, s'amuse comme un fou dans ce rôle. Et il est excellent. Certes, il joue beaucoup des regards par le bas mais sa démarche de félin au regard reptilien font froid dans le dos. Chacune de ses apparitions marque la rétine. Le choix de Villeneuve de nous coller du noir et blanc somptueux pour la scène de l'arène est une idée géniale, un fantasme de SF enfin concrétisé.


Et puis il y a Christopher Walken en empereur Shadam IV, tout simplement parfait. En quatre scènes, il suffit à imposer une classe phénoménale à son rôle. L'excellente Florence Pugh (Midsommar, Black Widow) incarne la princesse Irulan, sa fille. Elle est top comme d'habitude et aura un grand rôle à jouer dans le 3ème film, Le Messie de Dune, que Villeneuve souhaite adapter en cas de succès. Le film risque d'exploser les 400 M$ du premier sorti en fin de Covid et avec une sortie simultanée sur HBO Max. Les prévisions sont entre 800 M$ (le double) et un milliard. Ce serait génial car c'est amplement mérité.


J'ai revu une seconde fois le film la même semaine et il est encore meilleur que lorsque je me suis pris une grosse claque il y a quelques jours. Dune Deuxième partie est l'aboutissement d'un travail collectif fabuleux. Les idées visuelles restent sobres mais ultra efficaces et ne nuisent à aucun moment à la complexité de cette SF adulte que je rêve de voir advenir au cinéma. C'est d'ailleurs la première fois qu'un space nopera de cette ampleur thématique et dramaturgique est réalisé. Denis Villeneuve a très bien fait de séparer son film en deux permettant au premier, superbe, d'être une rampe de lancement pour son second, véritable chef d’œuvre instantané qui embrasse avec une très grande intelligence toute la finesse de Franck Herbert. C'est ce qui permettra à Dune de devenir une saga. Star Wars peut aller se rhabiller quand on voit la pauvreté scénaristique des derniers films.


J'avais deux grand rêves de cinéma, le Don Quichotte de Terry Gilliam et une adaptation réussie de Dune. Denis Villeneuve a réalisé ce rêve par cette œuvre magistrale, où aucune scène n'est en trop, d'un respect immense pour l’œuvre littéraire tout en y ajoutant du corps à des personnages féminins qui renforce la puissance du récit et d'une grande originalité par rapport à ce que la SF offre d'habitude.


Denis Villeneuve a réalisé le film de SF parfait, un blockbuster spectaculaire et complexe, dont l’ambiguïté des personnages n'est jamais sacrifiée au service des scènes épiques. Non seulement le film est d'une beauté confondante mais sa double thématique écologique et sur les dangers du totalitarisme religieux sont respectés. Une œuvre grandiose qui marquera la science-fiction et lui ouvrira je l'espère un sursaut qualitatif. Merci Denis Villeneuve pour tout cela.


La piste aux lapins :



Daaaaaali !


De Quentin Dupieux

Je critique souvent Quentin Dupieux pour ses idées de pitch excellentes qui s’essoufflent et ne se diluent pas assez bien sur un long métrage. Souvent ses films finissent en queue de poisson.


Mais avec Daaaaaali, il signe de très loin son meilleur film, le plus abouti dans son concept et le mieux ficelé malgré sa folie.


Quoi de mieux pour rendre hommage à ce maitre du surréalisme que de raconter une histoire complètement barrée imbriquée autour du rêve et de l’effacement de la réalité.


Le film est très drôle et peut compter sur un casting impeccable dont un Edouard Baer et un Jonathan Cohen excellents dans leur interprétation de Salvador Dali.


Le film est absurde de bout en bout et joue sur les boucles et poupées gigognes imbriquées, ce qui ne pouvait que me ravir tant j’adore cette forme d’imaginaire.


Daaaaaali ! est donc une réussite totale, à la hauteur de la folie du peintre et probablement le plus bel hommage qu’on pouvait lui rendre en faisant sentir à la fois son égocentrisme maladif et le personnage qu’il s’était trouvé mais aussi les délires qui lui ont permis de peindre ses œuvres uniques.


Et passer cette incarnation avec autant d’humour et de second degré était loin d’être évident. Quentin Dupieux était le mieux placé pour atteindre un objectif aussi barré il a réussi au la main. Respect !


La piste aux lapins :




Sans jamais nous connaître


A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi.


Encensé par la presse dans divers festivals, "Sans jamais nous connaître" arrive enfin sur les écrans et surprend par son thon et sa thématique. Film en apparence simple sur une relation homosexuelles teintée d’ésotérisme et de fantômes, le film est une proposition de cinéma singulière.


La mise en scène retenue d'Andrew Haigh filme en gros plan les visages sensibles d'un casting parfait. Andrew Scott déborde d'humanité sans jamais agacer là où son rôle aurait pu tomber très facilement dans un pathos complaisant. Mais il joue tout en retenue ce quarantenaire qui au final n'a pas vécu ni fait le deuil de ses parents. On en saura peu de sa vie sans eux mais on se doute à son regard d'enfant perdu que toute la personnalité de son personnage a été forgée par cet effondrement. L'excellent et trop rare Jamie Bell a avec lui les scènes les plus émouvantes du film où à l'âge de son père il échange avec lui ce qui a été raté, les non-dits d'un enfant qui découvrait son penchant sexuel et ne voulait pas décevoir ses parents.


Et l'ex reine des deux premières saisons de The Crown, Claire Foy, complète cette introspection de son regard si particulier, à la fois dur et maternel. Le portrait de cette famille fantasmée dont on ne sait si elle est dans la tête du personnage ou si il s'agit d'un phénomène réellement paranormal, est l'excellente idée du film pour traiter de tout ce que l'on aurait voulu dire aux proches partis trop tôt. Personnellement j'ai la chance de n'avoir perdu personne de proche. Mais j'imagine que pour quiconque à qui ceci est arrivé, le film ne peut que faire écho par la simplicité et le naturel des situations. Évidemment, beaucoup rêveraient d'avoir cette discussion qu'ils n'ont jamais eue le temps d'avoir avec un parent parti trop tôt ou parti avant d'avoir su quelquechose, avant d'avoir vu grandir enfants ou petits-enfants. En ceci "Sans jamais nous connaître" est un film universel sur le deuil. Mais c'est aussi un film sur l'amour maternel, paternel, et l'amour en couple tout comme un film sur la solitude, le manque d'un autre être pour partager sa vie et se projeter.  Paul Mescal, dont j’entends toujours le plus grand bien mais qui pour l'instant ne m'a jamais touché particulièrement, trouve à mes yeux pour la première fois un rôle complexe et intéressant. Le personnage qu'il incarne donne au film une dimension qui vous fera réfléchir au long métrage bien après le visionnage.


Si le film n'a pas provoqué l'émotion que bien des critiques louent sans retenue, l'atmosphère générale et l'exercice de style sont indéniablement une très belle réussite. Et je préfère un film qui ne tombe pas dans la sensiblerie et effleure ces moments, il n'en n'est que plus digne et délicat.


La piste aux Lapins :




La Zone d'intérêt

De Jonathan Glazer

The Zone of interest de Jonathan Glazer est le Grand prix du dernier festival de Cannes 2023, et c'est une sacrée claque de cinéma, un choc qui vous restera longtemps en tête.


Jonathan Glazer m'avait scotché avec Under the skin Scarlett Johansson jouait une extraterrestre vénéneuse, un chef d’œuvre troublant.


Sandra Hüller, actrice de l'autre grand film de Cannes 2023, la palme d'or Anatomie d'une chute, est terrifiante dans le rôle de cette femme parvenue, montée dans l'échelle sociale grâce à son mari haut gradé de l'armée nazie et responsable zélé de l'extermination des juifs à Auschwitz. La banalité du mal qu'elle incarne, son absence totale d'empathie pour ce peuple exterminé en masse de l'autre côté du mur de son beau jardin verdoyant, est glaçante.


Le film suit la famille du dirigeant du camp d'Auschwitz. Mais pour montrer l'horreur et la monstruosité d'individus qui font un travail et sont totalement déconnectés de l'humanité et de la morale, le réalisateur choisit de ne rien montrer du génocide. Et c'est absolument brillant comme idée de mise en scène où le hors champs devient le personnage principal, aidé d'une bande-son exceptionnelle où l'on entend des coups de feu, des cris d'officiers allemands ou de victimes qu'on imagine descendre des trains ou être poussés vers les chambres à gaz. C'est effrayant et j'ai été sidéré du début à la fin par la façon dont Jonathan Glazer arrive à nous happer dans cette horreur sans jamais rien montrer.


Par des scènes ultra marquantes il arrive à souligne l'ignominie absolu et nous clouer au fauteuil. C'est très différent que le Shoah de Claude Lanzmann, référence absolue pour montrer l'immontrable. Là le réalisateur choisit de ne pas montrer et pourtant c'est tout aussi horrible. Regarder le monstre dans les yeux, son quotidien de petit bourgeois et des scènes confondantes d'efficacité. Que ce soit des cendres qui font sortir de leur baignade les enfants du couple, l'adolescent qui s'amuse avec des dents en or, le jardiner qui utilise des cendres , la femme qui distribue à ses femmes de ménages des vêtements récupérés sur les juifs et la scène du manteau de fourrure qu'elle fait repriser....et bien d'autres...chaque scène vous marquera.


Le malaise face au devoir de mémoire qui s'efface, voilà ce qu'arrive à créer La zone d'intérêts.


Dans ce film sans histoire réelle en forme d’uppercut, deux scènes arrivent à tirer les larmes alors qu'elles sont d'une simplicité confondante. Un film bouleversant dont l’expérience sensorielle amène à se dire que tous les adolescents devraient le voir, pour comprendre l'incompréhensible.


Jonathan Glazer a réussi à éviter le spectacle et l'esthétisation de l'enfer en filmant les bourreaux et tout ce qu'ils avaient d'inhumain, à l'image de La mort est mon métier de Robert Merle, biographie romancée du personnage de La Zone d'intérêt, Rudolf Höß , commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz.


La densité du résultat font de La Zone d'intérêt un chef-d'œuvre formel qui vous mettra en état de sidération mais une sidération nécessaire pour ne rien oublier, jamais rien oublier.


La piste aux Lapins :




Priscilla


Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.



Sofia Coppola revient avec son film le plus inspiré depuis une dizaine d’années. En s’intéressant à cette figure effacée qui vécut dans l’ombre d’une idole, elle dresse le portrait d’une condition féminine en sortie de seconde guerre mondiale mais s’intéresse surtout à la thématique de l’emprise. Jacob Elordi est à 1000 lieues du Elvis d’Austin Butler chez Baz Luhrmann. Il n’est pas flamboyant. Sexy certes mais curieusement sexuellement impuissant. La douceur et la tendresse du personnage, qui se comporte comme un connard à bien des égards, tranche avec l’image du king. Probablement sincère dans ses sentiments, il incarne une sorte d’idéal masculin pour cette jeune fille qui le regarde avec les yeux d’une adolescente qui vit un rêve.


Sauf que ce rêve ne va jamais s’incarner. En en faisant une femme objet, une poupée, il va être en contrôle total et l’empêcher de vivre véritablement, ne lui accordant même pas le plaisir charnel. L’histoire est en cela fascinante. Cailee Spaeny est la vraie révélation du film. Si fragile et gamine dans cette première partie, ce petit bout de femme semble juste fragile et manipulable. Puis on va la voir grandir sous nos yeux au fil des déceptions puis de l’acceptation par dépit, par fatigue aussi.


Pas évident de jouer cette transformation indicible sans en faire des caisses. Non ici l’actrice le fait tout en douceur, en gardant ce côté enfantin et en y rajoutant peu à peu par petites touches un éclat de tristesse dans les yeux, de plus en plus réalistes face à l’impasse de la vie du personnage. Sofia Coppola n’oublie pas pour autant le style qui fit son succès, usant de choix de décors, de vêtements et de bande-originale aidée pat son mari, le chanteur du groupe Phoenix. L’éclat de Marie-Antoinette a laissé la place à un kitch paradoxalement sobre et neutre, comme pour illustrer les sentiments vécus intérieurement par Priscilla Presley. Le seul bémol serait que la cage dorée dépeinte par Sofia Coppola finit par provoquer le vide qu’elle illustre. Une sorte de manque de présence d’émotion, réel dans le quotidien du personnage qui s’ennuie mais qui hélas prive la seconde partie d’une forme d’empathie puis d’investissement pour le personnage.


Le résultat est au final très bon mais l’envolée d’émotions qui aurait pu submerger la fin n’a pas lieu. Dommage.


La piste aux Lapins :



Mad Max Furiosa


George Miller revient à l'univers de Mad Max pour un cinquième film après le carton mérité de Mad Max Fury Road sorti en 2015.

Mais c’est bien Furiosa l’héroïne et non Mad Max, pour la première fois absent !


Ce prequel à Fury Road raconte donc la jeunesse du personnage féministe que Charlize Theron interprètait en 2015 mais qui ne reprend pas son rôle. Première réussite du film, Anya Taylor-Joy (Split, Glass) est immédiatement crédible en Furiosa jeune. C'est une excellente actrice. Le seul problème est qu’elle apparaît au bout d’une heure de film car Miller nous raconte avant son enfance. Et c’est le premier bémôl. Cette première partie aurait méritée 15 minutes en moins.


Le film est très réussi de part l’univers qu’il prend le temps et le soin d’approfondir et plusieurs moments de bravoure et courses poursuites sont purement jouissifs.

Chris Hemsworth est excellent en vraie raclure immonde. Là aussi quelques scènes qui soulignent la cruauté du personnage auraient pu être raccourcies car elles sont redondantes et on a vite compris le message.

Disons que Furiosa est une immersion réussie dans la mythologie fantasy post apocalyptique qu’a créée Georges Miller il y a 49 ans mais qu’il souffre de la comparaison avec Fury Road.


Certes il est malin d’opter pour un film plus narratif là où Fury Road était une course poursuite démente qui ne s’arretait pas. Mais c’était aussi ce rythme, cet upercut d’action brillamment mis en scène qui vous scotchait au fauteuil. Ici Miller passe trop de temps sur certaines séquences et ce sont d’ailleurs ses scènes d’action qui déchirent tout.


Voilà, donc une légère déception même si soyons clairs, c’est du très haut niveau.


La piste aux Lapins :




Heureux gagnants



1 chance sur 19 millions. Plus de probabilité d’être frappé par une météorite que de gagner au loto. Pour nos heureux gagnants, le rêve va rapidement se transformer en cauchemar, et leur vie va voler en éclat dans un spectaculaire feu d’artifices de comédie noire et de sensations fortes.


Le principe du film à sketch est toujours un peu casse gueule. Souvent les segments sont inégaux et rares sont les longs métrages qui marquent tels Les nouveaux sauvages ou Le diable n'existe pas.


Mais ici Heureux gagnants réussit grâce d'une part à un casting très malin composé de Audrey Lamy, Fabrice Eboué, Anouk Grinberg, Pauline Clément ou Sami Outalbali et d'autre part à son écriture.


Le film, plutôt que d'enfoncer des clichés sur l'argent et le loto, préfère jouer la comédie très noire et grinçante pour révéler les petitesses humaines qui apparaissent quand l'argent fait tourner les têtes d'individus sur qui le gros lot tombe du jour au lendemain. On rigole bien sûr des situations iconoclastes dans lesquelles ils et elles apprennent la "bonne nouvelle" puis tout se transforme en cauchemar férocement cynique et cruel.


La réalisation est contrairement nombre de comédies tout venant, extrêmement soignée.


Original et réussi.


La piste aux lapins :




Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

asha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie. Ce qui devait être un échange de bons procédés se transforme alors en épopée nocturne durant laquelle les deux nouveaux amis chercheront à réaliser les dernières volontés de Paul avant le lever du soleil.


"Vampire humaniste cherche suicidaire consentant" est un film charmant. Ces vampires à l'accent québécois font preuve d'une originalité bienvenue dans le genre vampirique avec une love story adolescente toute mignonne.


La réalisatrice explore les troubles identitaires de deux adolescents qui se cherchent. On y parle de l'éveil à la sexualité et la difficulté du passage à l'acte, du spleen adolescent avec une belle photographies et de bonnes idées de mise en scène.


Le film se veut humble et jamais prétentieux, drôle à plusieurs moments et livre un beau portrait de la génération Z sous le prisme du film de genre.


Un petit film attendrissant, aux dialogues travaillés, à l'atmosphère sombre et surprenante.


On aurait aimé que le film ait un peu plus de mordant mais on passe un bon moment.


La piste aux Lapins :


Pas de vagues


Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie.

Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d'autres intentions. Julien est accusé de harcèlement.

La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage.


Décidément après La salle des profs ou L’affaire Abel Trem, c’est LE momentum des films autour des injustices que peuvent subir les professeurs dans le monde d’aujourd’hui. Mêmes ingrédients que l’effet de loupe des réseaux sociaux utilisés par les élèves, même solitude du professeur face à un élève qui l’accuse dans un contexte médiatique et judiciaire qui donne l’avantage à l’adolescent dans un parole contre parole kafkaïen.


François Civil est très bon dans le rôle même si il fait un peu trop hétéro pour jouer les tendres homos. Pas très à l’aise dans cette partition. Mais sinon il se sort très bien de cet exercice de montée en pression qui dénonce tout autant une génération de gamins pas franchement rattrapables de part leur incivisme, leur éducation lacunaire que le manque de courage de certains collègues profs et de l’institution. Les profs qui préfèrent se voiler la face et ne pas faire de vagues empirent évidemment ce phénomène en manquant de courage pour dire stop et défendre ceux de leurs collègues qui tiennent le coup. L’institution se fait défoncer de par son inaction pour protéger ses propres fonctionnaires. Alors évidemment on peut craindre de ce type de film une récupération de par l’extrême droite puisque le constat ne peut que faire le lit des populistes. Après faut il condamner le film comme Bac Nord a été condamné par une partie de la gauche parcequ’il montrait une image délétère des cités? Je ne le pense pas d’autant que le film est inspiré d’une histoire vraie et que se pincer le nez comme le fonds les collègues du personnage principal ne résout pas le problème. Mais forcément je me suis posé la question car si le film est très réussi, sa noirceur et son dur constat d’échec sur toute une génération de milieu modeste pose comme une voie sans issue. Les solutions des partis populistes sont simplificatrices et le traitement du problème ne peut s’effectuer que par une multitude de solutions à commencer par un soutien indéfectible de l’État à ses représentants. Compliqué et pas rassurant pour 2027…


La piste aux Lapins :





Moi, Capitaine De Matteo Garrone

Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité.


La critique du nouveau film de Matteo Garrone, brillant réalisateur italien de Gomorra, Reality ou Dogman, s'aventure là où le cinéma n'est jamais allé en terme de thématique. Parler du drame des migrants à travers leur regard à eux est évidemment passionnant car il casse des préjugés. Les Inrocks, Les Cahiers, ou Le Monde détestent le film et lui reprochent son esthétisation, son onirisme et les facilités qu'il prend, lui reprochant d'être lacrymal. Je trouve ces reproches idiots et pour le coup très caractéristiques d'une intelligentsia parisienne pétrie de certitudes.


Matteo Garrone nous montre des gamins qui sont pauvres au Sénégal mais pas malheureux et qui partent pour de mauvaises raisons. On le sait plus ou moins mais depuis Paris on regarde ceci de loin, on entend la société ultra droitisée nous asséner des chiffres sans mettre aucun visage derrière. "Les migrants", çà veut dire quoi ? La grande intelligence de Matteo Garrone est donc de montrer que sur place, plusieurs adultes sont conscients du mirage, des dangers extrêmes et dissuadent les ados de passer à l'acte. Puis va s'enchainer un parcours du combattant, esthétique oui car le désert c'est beau, même quand on peut y mourir. Avec de l’onirisme oui car Garrone ne veut pas livrer un film misérabiliste et justement de pas sombrer dans un documentaire tire larme. On y retrouve toute l'influence de son style avec maladresse parfois mais avec des tripes et c'est ce qui touche justement et rend le film particulièrement émouvant.


Au-delà la l'étroiteté de jugement des critiques un peu trop cyniques qui auraient voulu voir un film en noir et blanc avec encore plus d'horreurs et une voix off sentencieuse, le film est donc très réussi.


Très réussi car il montre la noirceur humaine mais s'accroche au formidable Seydou Sarr pour expliquer toute la force de caractère qu'il faut pour venir jusqu'à nous. Alors oui on est pris d'émotion quand on repense à ces milliers de personnes qui après avoir vécu tout cela peuvent se noyer en mer sous nos yeux qui tournent le regard ailleurs. Matteo Garrone ne choisit pas de montrer notre lâcheté d'européens et c'est tant mieux, il ne cherche pas à nous culpabiliser en nous tendant un miroir mais il explique l'avant et c'est bien plus impactant lorsqu’on le relie aux débats du moment. Le Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise est amplement mérité car il ose un parti pris qui marque sans porter de jugements. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde certes mais on vit sur une même planète...et au-delà des réfugiés issus de guerres et de déplacements économiques, les réfugiés climatiques seront trop nombreux dans les décennies à venir ! Alors on fait quoi à part construire des murs ?


La piste aux Lapins :





Le successeur

Xavier Legrand revient six ans après son uppercut "Jusqu'à la garde" avec un autre film coup de poing, auquel on ne s'attend pas du tout.


Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du coeur fragile de son père.


Marc-André Grondin, qu'on a pu voir dans C.R.A.Z.Y., Le premier jour du reste de ta vie ou la série Spotless porte le 1er rôle de ce film tourné au Quebec. Il est parfait en jeune star de la la mode dot on ne comprends pas ce qui l'a poussé à couper les ponts avec son père. Après première heure où l'on essaie de comprendre les raisons en suivant ce préparatif d'enterrement accéléré mais avec toujours un tension de mise en scène, le film bascule dans un triller surprenant et brillamment mené.


Le film est à la fois cruel dans son jeu de miroirs et glaçant par ses révélations et rien que pour cela le scénario et la mise en scène valent clairement le détour. La grande maitrise qui s'en dégage impressionne vraiment et vous fera penser au film après la séance.


Le film passe de la terreur à la remise en question fondamentale de toute la vie du personnage principal. Le rapport à son géniteur est au centre du récit mais d'une façon si surprenante qu'on en reste bouchée bée.


Xavier Legrand est donc décidément un auteur à suivre de très prés.


La piste aux Lapins :



May December

Pour préparer son nouveau rôle, une actrice célèbre vient rencontrer celle qu’elle va incarner à l’écran, dont la vie sentimentale a enflammé la presse à scandale et passionné le pays 20 ans plus tôt.

Todd Haynes est un excellent réalisateur. Il a su donner à la relation David Bowie / Iggy Pop tout le glam de l'époque dans "Velvet Goldmine", à Juliane Moore un de ses plus beaux rôles en épouse mariée à un homo dans les années 50 avec le magnifique "Loin du Paradis" et a rendu un hommage ultra original à Bob Dylan dans "I'm not there".


Hélas son film "Carol" avec Cate Blanchett m'a laissé totalement de marbre tout comme Le Musée des merveilles.Il est revenu à son top avec un film radicalement différent, Dark Waters, sur un scandale écologique et de santé public magnifiquement porté par Mark Ruffalo.

Dans May December, la géniale Julianne Moore joue pour lui pour la 4ème fois aux côtés d'une autre très grande actrice qu'on est content de voir croiser la route de cet immense réalisateur, à savoir Natalie Portman. Et à ce niveau le film remplit entièrement le contrats, les deux actrices étant d'une finesse de jeu incroyable. Deux scènes face à un miroir et en miroir elles-mêmes l'une et l'autre montrent les faux-semblants entre elles, la manipulation de l'image du personnage de Moore sur l'autre. Puis la seconde scène plus tard dans le film montre que Moore n'est pas dupe de la manipulation qu'au final le personnage de Portman a réussi à créer pour telle une vampire, puiser le maximum d'informations des divers membres de la famille pour percer sa vérité et construire le personnage qu'elle jouera à l’écran. Mais Moore lui montre alors son vrai visage tout aussi complexe sous des dehors de femme parfaite. La prison qu'elle a construite autour d'un ado qu'elle a séduit et sur lequel elle a eu une emprise (et au passage c'est de la pédophilie) a finis par se transformer en jolie cage dorée et aseptisée où elle s'est autoconvaincue qu'elle vivait un comte de fées. Mais l'homme homme de 40 ans, père hyper jeune, a été privé de vie, privé de choix, passé direct de l'enfance à sa situation.


Le film est glaçant car il observe un prédateur, Portman, actrice en quête de substance pour un rôle, au début sympathique et qui peu à peu s'avère aussi trouble que le personnage qu'elle observe. Les amabilités et sourires très américains cachent une vérité qui craquelle hélas sur les 50 dernières minutes. Durant la première heure, les scènes sont hélas plus attendues, soutenues par une musique omniprésente et très datée des années 80. On s'attend donc à du gros rebondissement qui n'arrive qu'au bout d'une heure et fait perdre en efficience le récit, comme si Todd Haynes avait commis un décalage peu subtil entre la forme et le fond. Le jeu de ses actrices est très juste mais la musique pompière créé un décalage. Ces effets visuels et musicaux créent donc une forme de distance et empêchent encore plus de s'attacher aux personnages, déjà peu sympathiques.


La piste aux Lapins :




"LaRoy" de Shane Atkinson


Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.


J'ai loupé le film à sa sortie en avril malgré une bonne presse. Il faut dire que le film est resté peu à l'affiche et qu'aucun acteur n'est vraiment connu et ne pouvait attirer le public. Et c'était très con de ma part.


Le film est très très bon. On avait peru les frères Coen depuis de nombreuses années, ces dernierrs ayant fait chemin séparé et leurs derniers films n'étant pas les meilleurs.


Et bien Shane Atkinson leur rend un hommage sidérant. C'est noir et sombre comme Sang pour Sang, Fargo ou No Country for old men avec cette même Amérique paumée qui vote Trump et ne croit plus en rien. Les personnagers sont tous aussi pathétiques et veules les un que les autres mais un imbroglio va semer la violence dans leur vie et secouer leurs valeurs.


L'ensemble du casting joue hyper bien, les rebondissements sont nombreux et on rentre dans le film dès la première scène grace à une scène de nuit lugubre et d'un humour noir comme vous n'en n'avez pas vu depuis un bail et depuis le dernier bon film des Coen.


Je vous le recommande chaudement, vous passerez un super moment, un thriller sec qui regarde l'humanité dans ce qu'elle a de plus petit en face mais arrive à redonner l'espoir grace à un duo de bras cassés attendrissants.


Un réussite indéniable.


La piste aux Lapins :





Mars Express


En l’an 2200, Aline Ruby, détective privée obstinée, et Carlos Rivera son partenaire androïde sont embauchés par un riche homme d’affaires afin de capturer sur Terre une célèbre hackeuse.


De retour sur Mars, une nouvelle affaire va les conduire à s’aventurer dans les entrailles de Noctis, la capitale martienne, à la recherche de Jun Chow, une étudiante en cybernétique disparue. Noctis est leur ville, une utopie libertarienne rendue possible par les progrès en robotique, emblème d’un futur tourné vers les étoiles.


Visuellement, Mars Express est un succès retentissant et donne après de nombreuses années de vache maigre, un nouveau bijou de l'animation française. Certes nos studios d'animation travaillent pour de grands studios d'animation dont américains mais depuis quand n'avions nous pas découvert un film totalement indépendant et surtout totalement réservé aux adultes. Car même si le film peut être vu par des ados, ses thématiques sont complexes.


Via une enquête sombre en mode course poursuite, le film est à la fois un divertissement qui vous tient en haleine et qui traite de sujets d’éthique quant à l'intelligence artificielle avec un regard légèrement différent et de nombreuses trouvailles visuelles. Très référencé par Blade Runner, Ghost in the shell et autres classiques de la SF, le film sait trouver son propre chemin et sa propre identité rapidement. Et il a sacrément du chien ce Mars Express.


Décidément le cinéma de genre français n'a jamais été aussi brillant, après La Nuée, Teddy, ou récemment Vincent doit mourir et Le règne animal, voici un film cyberpunk d'animation français tout simplement excellent. La place des robots dans le monde de demain est traitée avec une intelligence rare.


La piste aux Lapins :





Making of

De Cédric Kahn


Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe. Dans ce tournage infernal, son seul allié est le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of.


Quelques mois après « Le procès Goldman », Cédric Kahn revient avec une comédie sur les coulisses du cinéma portée par une bande d’acteurs sympathiques.


Jonathan Cohen joue l’acteur sûr de lui, égotique et manipulateur. Denis Podalydès est toujours aussi brillant pour jouer l’artiste débordé de toute part. Et Stefan Crepon, découvert dans Le bureau des légendes puis en assistant mutique dans Peter Von Kant de François Ozon, trouve son premier premier rôle en jeune fan de cinéma qui trouve l’occasion de sa vie de rentrer dans ce milieu très fermé. Il apporte une forme de détermination et de fougue de la jeunesse qui font de très belles scènes émouvantes au milieu du bordel organisé. Le réalisateur Xavier Beauvois est hyper drôle en producteur voyou et roublard. Emmanuelle Bercot apporte la touche de rationalisme au milieu d’un cirque qui part dans tous les sens. Et au final Kahn nous livre un beau portrait de groupe et montre cette part obligée d’amateurisme, d’improvisation et d’artisanat qui réunit différents métiers au service de la production d’un long métrage . On y touche du doigt la difficulté d’accoucher d’une œuvre, les problèmes de financements incessants et la confrontation entre la vision du metteur en scène, l’égo de ses stars et la dure réalité économique. C’est à la fois tendre et vachard. J'aurais juste aimé qu'il choisisse plus franchement son camp entre comédie et drame, les scènes du film étant souvent trop longues et ne servant pas le propos.


Un très bon film tout de même.


La piste aux Lapins :




Un silence



Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.


Joachim Lafosse m'avait laissé un peu de marbre avec "Les Intranquilles" qui traité de la bipolarité mais se répétait beaucoup. Ici il réussit à tenir le spectateur en haleine en montrant peu et en découpant au scalpel la mécanique de l'aveuglement d'une femme et sa capacité à enterrer durant 30 ans un secret monstrueux qui pourrait faire éclater son couple, sa famille et son statut social. Inspiré d'une histoire vraie dont je ne parlerai pas ici pour ne pas vous spoiler le film, "Un silence" monte graduellement en puissance, le regard froid d'Emmanuelle Devos refusant l'inéluctable jusqu'à réaliser sa culpabilité dans l'aide et le soutien qu'elle a donné à un monstre pour les raisons évoquées. Daniel Auteuil n'a pas été aussi bon depuis longtemps dans ce rôle pas facile à tenir.


Le film est certes glaçant mais il vaut tous les discours pour inciter les témoins à parler et briser ce silence complice de crimes. Retranscrire cette nature humaine et les recoins sombres ou lâches était un sacré défi hautement relevé par son réalisateur.


Ce thriller subtil est salutaire dans le message envoyé aux victimes et leur entourage pour parler, surtout parler, quoiqu'il en coûte.


La piste aux lapins :



La promesse verte

our tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.


Le réalisateur de « Au nom de la terre » tente le film écolo politique. Pas toujours habile, « La promesse verte » peut compter sur Alexandra Lamy et Félix Moati pour incarner les héros de cette histoire insoluble où deux individus se trouvent écrasés par des enjeux économiques mondiaux autour de l’huile de palme.


C’est assez malin et original pour dénoncer une réalité qui déforeste l’Indonésie au profit d’industriels y compris européens. Bergeon dénonce ainsi l’hypocrisie politique même si on reste loin de Constantin Costa Gavras ou du Midnight Express d’Alan Parker.

Disons que le scénario est attendu et ne réserve pas de surprises. Mais le film reste à minima utile dans son message et tout à fait regardable.


La piste aux lapins :




Green Border

De Agnieszka Holland


Ayant fui la guerre, une famille syrienne entreprend un éprouvant périple pour rejoindre la Suède. A la frontière entre le Belarus et la Pologne, synonyme d'entrée dans l'Europe, ils se retrouvent embourbés avec des dizaines d'autres familles, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires aux méthodes violentes. Ils réalisent peu à peu qu'ils sont les otages malgré eux d'une situation qui les dépasse, où chacun - garde-frontières, activistes humanitaires, population locale - tente de jouer sa partition...


Décidément c'est l'année des films sur les migrants après Moi Capitaine ou L'histoire de Souleymane.


Le film de la polonaise Agnieszka Holland est tout aussi poignant et nous ouvre les yeux sur le trafic d'êtres humains diligenté par la Biélorussie et l'horrible jeu d'envoi de réfugiés de part et d'autre de la frontière avec la Pologne. Et dans ces bois en plein hiver, nombre de ces réfugiés meurent car ils sont traités moins que des bêtes, avec un manque d'humanité qui rappelle les heures les sombres de la shoa. Ces policiers de part et d'autre comptent des unités et on les incite à ne plus réfléchir et à juste haïr cet envahisseur pour mieux se comporter tels des nazis dans un camp de concentration. Le film est très dur à regarder et même si l'Europe ne peut accueillir toute la misère du monde, elle peut à minima ne pas laisser crever de faim, de froid ou de coups des êtres humains à ses portes. Le film est une claque car il montre ce que les médias mainstream ne montrent pas, préférant flatter l'opinion publique et les idées d'extrême droite dans le bon sens plutôt que de poser un regard de compassion. Ceci n'empêche pas de penser qu'il faut trouver des solutions et ne pas faire des appels d'airs bien évidemment. La déshumanisation des réfugiés qui y est montrée dans le regard des européens n'a rien d'antinomique avec des questionnement de fond sur la gestion de cette immigration, l'intégration de ceux acceptés et l'aide dans les pays d'accueil pour tenter de contrôler les flux.


Green boder est bouleversant de par l'horreur qu'il nous balance en pleine gueule dans un noir et blanc sobre mais sur des histoires qui se passent bien en couleur et en ce moment.

Un film nécessaire.


La piste aux Lapins :


Dream scenario

Nicolas Cage est un cas à part à Hollywood.


Dévouvert dans les années 80 chez son tonton Francis-Ford Coppola (Rusty James , Cotton Club, Peggy Sue s’est mariée) puis chez David Lynch (Sailor & Lula), Alan Parker (Birdy), les frères Coen (Arizona Junior), il entame dans les années 90 un virage plus grand public. Ce sera Red Rock West, puis Leaving Las Vegas pour le rôle à Oscar, Rock, Les ailes de l’enfer et Volte Face, chant du cygne de John Woo et Snake Eyes chant du cygne de Brian de Palma. Il joue dans le chef d’oeuvre méconnu de Martin Scorsese, A tombeau ouvert en 2000, dans Adaptation de Spike Jonze en 2002 et Les associés de Ridley Scott en 2003 et Lord of War en 2005. Benjamin Gates lui permet un dernier succès public puis ce sera 20 ans de boulomie de nanars avec de temps en temps un bon film comme le Bad Lieutenant de Werner Herzog, Kick Ass, puis Joe en 2015, Mandy en 2018, Colour out of space, et Pig en 2021…


Au milieu de 60 fims tournés en 20 ans parcequ’il aime tourner et qu’il prend ce qu’on lui offre et l'assume publiquement, 10% sont bons mais à chaque fois on s’étonne du talent de l’acteur. Car oui, Nicolas Cage est excellent. Ce Dream Scenario fait partie de ces petits miracles où l’on retrouve la nuance et finesse de jeu de l’acteur aujourd’hui âgé de 60 ans.


Le scénario est dejà hyper original.


Paul Matthews, un banal professeur, voit sa vie bouleversée lorsqu’il commence à apparaître dans les rêves de millions de personnes. Paul devient alors une sorte de phénomène médiatique, mais sa toute nouvelle célébrité va rapidement prendre une tournure inattendue…


Et le réalisateur use de ce personnage banal et rébarbatif, rangé et sans aucune fantaisie pour le plonger dans une ultra célébrité soudaine et non souhaitée. La première heure du film permet alors de se moquer de la célébrité factice des réseaux sociaux et de la télévision en montrant l’absurdité de situations incongrues et soit drôles soit affligeantes. On y croise l’immédiateté et l’absence de fond de bien des relations sociales dès lors qu’on ne prend plus le temps d’être curieux. En ceci le film est très fin et très réussi. Le réalisateur décortique l’un des meaux de notre société, cette quête permanente de visibilité voire de célébrité à partir de rien, illustrée par les réseaux sociaux et cet étalage de vie privée et de photos de la mise en scène du surmoi. La folie du concept rappelle celle de « Dans le peau de John Malkovitch » avant de sombrer dans un cauchemar amer et cruel.


Cette seconde partie est réussie mais hélas traine un peu plus en redites et le film surtout rate la sortie qui aurait pu le faire décoler vers la catégorie du « film culte en devenir ». Cependant l'onirisme des situations et la satire surréaliste valent à elles seules le détour car elles servent le jeu parfait de Cage. Disons que le film aurait mérité d’être moins sage et d’aller à fond dans le délire pour vraiment cranter et laisser une trace plus indélébile.


La piste aux Lapins :

La chimère

Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c'est un rêve d’argent facile, pour d'autres la quête d’un amour passé… De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques.


 Josh O'Connor, vu en jeune prince Charles dans la série The Crown et repéré dans Seule la Terre, sera très présent en 2024 avec Challengers aux côtés de Zendaya (le nouveau film de Lucas Guadagino, Call me by your name), mais aissi LEE, le biopic de Lee Miller avec Kate Winslet. D'ici là le voilà dans un excellent rôle.


Son attitude renfermée et à la fois solaire de sourcier qui cache un secret ne pourra que vous séduire. Son personnage est assez vite attachant et on cherche à comprendre cet alliage curieux entre un anglais et des petites frappes italiennes qui pillent des tombes.


Non seulement la thématique est très originale mais la réalisatrice de Les Merveilles ou Heureux comme Lazzaro, use de stratégèmes de mise en scène très judicieux pour exprimer certains états du personnage tout en alternant un rapport aux images entre le daté et le moderne, entre le 35mm, le Super 16mm... Le film est volontairement foutraque et pourtant on retombe sur nos pates dans un final épouvant, triste et doux.


La fantaisie générale du film et l'étrangeté qui s'en dégage sont une vraie réussite et l'une des pépittes de cette fin d'année 2023.


La piste aux Lapins :



Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie1


Depuis le cinquième volet, Rogue Nation, Christopher McQuarrie est à la réalisation, au scénario et à la co-production de la saga Mission impossible et le niveau des films s'est accru considérablement. Là où ils ont toujours été de très bon thrillers d'action, ils sont depuis des étalons du genre, surpassant les 007 (Skyfall mis à part).


Les scènes d'action sont très impressionnantes, d'autant plus avec un Tom Cruise en mode demi-dieu hollywoodien qui réalise lui-même ses cascades.


Surtout, les films ont pris une ampleur en mettant au centre l'équipe d'agents secrets et l'amitié qui les lie. Retrouver Vingh Rames en fil rouge de l'ensemble des films, Simon Pegg et depuis trois films la géniale Rebecca Ferguson donnent à l’ensemble une identité et surtout une empathie pour Ethan Hunt.


L'idée géniale de faire de l'antagoniste une intelligence artificielle donne au film des accents très actuels et aux enjeux un regard différent des films d'action habituels.


Le cahier des charges est de nouveau rempli pour un bijou d'action et d'émotion à grosses doses d'adrénaline. Surtout, Dead Reckoning renouvelle les thématiques et le fait avec un brio rare.


Les 2h46 passent à une rapidité incroyable, le film est généreux, mis en scène avec folie et style, et se projette comme un sauveur du box-office mondial et du retour en salles des spectateurs, Mission que s'est donnée Tom Cruise et qu'il a déjà réussie une première fois avec Top Gun Maverick l'an dernier.



Reality



Le 3 juin 2017, Reality Winner, vingt-cinq ans, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile. Cette conversation d’apparence banale parfois surréaliste, dont chaque dialogue est tiré de l’authentique transcription de l’interrogatoire, brosse le portrait complexe d’une milléniale américaine, vétérane de l’US Air Force, professeure de yoga, qui aime les animaux, les voyages et partager des photos sur les réseaux sociaux. Pourquoi le FBI s’intéresse-t-il à elle ? Qui est vraiment Reality ?


La force du film, sobre, aux trois personnages, tient à la fois d’une mise rn scène discrète qui épouse les nuances de jeu que du scénario qui avance en titillant notre curiosité et en ne révélant les enjeux qu’au fil de l’interrogatoire. Le fait que le scénario suive un enregistrement réel de l’interrogatoire par le FBI joue beaucoup car il donne à la fois une crédibilité et fascine par la méthode. Les agents sont plutôt doux et sympathiques et même si on sait qu’ils en savent davantage, on est fasciné par leur technique d’approche, par leur prévenance, à l’opposé de l’image qu’on se fait d’un interrogatoire musclé par le FBI. Face à eux, l’actrice Sydney Sweeney explose dans un rôle ambigu, son visage parfois inexpressif et parfois surpris telle une bête traquée sont impressionnants. Clairement le jeu de l’actrice interroge autant qu’il rebd dubitatif sur la profondeur de ce qu’on lui reproche d’avoir commis. On la voit jouer un personnage qui joue lui même. Sa réaction à la perquisition chez elle est anormale de calme donc elle a quelque chose à se reprocher mais son jeu de jouer la bonne citoyenne honnête et incrédule à quelquechose de fascinant. Et puis surtout, le film prend un tour politique huper intéressant que je ne peux pas révéler mais qui en dit beaucoup de la démocratie américaine et de la liberté d’action. Très intéressant et très bien ficelé.


La piste aux Lapins :








Et quelques plus vieux films immanquables :


La taupe


 

Avec "La taupe", Tomas Alfredson confirme le talent de mise en scène froide et méthodique qui l'avait fait connaitre avec "Morse", film de vampires atypique où un enfant se prenait d'amitié pour une vampire adolescente.


Ici, c'est à un autre film de genre que le suédois s'attaque, tout en passant à Hollywood avec un casting quatre étoiles. Mais au final, il y est question aussi de solitudes tout comme dans Morse, peut être un fil directeur chez Alfredson...


Le film d'espionnage a débouché sur de multiples styles différents mais c'est dans les années 70 que quelques chefs d’œuvres virent le jour sous la houlette de Francis Ford Coppola (Conversation secrète), Alan J. Pakula (Klute, A cause d'un assassinat, les hommes du Président), ou Sydney Pollack (les trois jours du Condor).


En adaptant "Tinker, tailor, soldier, Spy" de John Le Carré, spécialiste du genre, Tomas Alfredson  se situe clairement dans l'hommage à ce cinéma seventies. Les histoires d'agents y prenaient leur temps, les dialogues étant souvent remplacés par des silences, des non-dits, des déductions laissées au spectateur, supposé suffisamment pertinent pour lier les scènes entre elles.

Et ici, c'est à la fois l'atout majeur et la limite du film. Certains seront largués peut être. Personnellement j'ai adoré cette façon de tisser l'histoire par des scènes décousues que le réalisateur laisse relier entre elles comme les pièces d'un puzzle. Ce petit jeu de déduction demande au spectateur d'être attentif et actif là où aujourd'hui le cinéma explique tout de manière didactique. Or tout le suspens du film repose sur cette enquête de l'agent Smiley pour découvrir la taupe infiltrée par le KGB au sein de la direction des services secrets de sa majesté, le Cirque.


Alfredson filme Gary Oldman, tout en retenue so british, dans l'un de ses meilleurs rôles. Mais il n'oublie pas que ces espions sont aussi tous d'excellents dissimulateurs, capables de tout jouer. Et c'est sur du velours que Colin Firth, Mark Strong, Tom Hardy, John Hurt, Toby Jones, ou Benedict Cumberbatch  vont livrer cette performance assez bluffante car feutrée. Il nous fait plonger dans ce sinistre quotidien d'agents secrets pour lesquels la vie privée n'existe pas. Ils sont ternes, d'un teint pâle, et évoluent dans des tons beiges et gris, comme vidés de leur humanité par des années de mensonges, de dupe, de manipulations et d'enquêtes. Ils sont sans identité et leur vie semble bien triste, voués à servir le pays mais soucieux de faire partie des cinq agents faisant partie du comité stratégique. Ils sont brillants mais vivent coupés du monde dans une bulle intellectuelle orientée de façon obsessionnelle sur l'ennemi. Ils semblent dépressifs pour certains, et seul le personnage de Tom Hardy, davantage impliqué sur le terrain et plus jeune, présente encore des réactions non totalement maitrisées, des envies soudaines de morale. L'amitié n'a pas sa place et c'est ce qui détruit ces individus d'exception. Comment croire au lendemain lorsqu'on ne peut faire confiance en personne ?

Alfredson procède par petites touches de peinture pour dresser ce tableau triste et sans concession d'hommes pour lesquels la vie ne peut être normale. Le seul bonheur ne peut se résumer qu'en réussissant à surpasser leurs confrères, en excellant dans leurs objectifs, à défaut de quoi le seul espoir de respirer réside dans le passage à l'est, ce qui est le cas de cette taupe mystérieuse.


L'esthétique du film permet quant à elle de faire passer plus facilement le récit lorsqu'il s'avère un peu plus brumeux. "La taupe" est un grand film paranoiaque comme on n'en n'a pas vu depuis des lustres. Un film d'ambiances et non d'actions, pour mieux faire toucher du doigt l'intérieur de ces égos perdus dont l'idéal s'avère bien confus.

Restituer une telle complexité devait passer par une mise en scène stylisée, un montage rigoureux et un jeu d'acteur d'une grande finesse. Tomas Alfredson devrait se voir ouvrir bien grand les portes d'Hollywood après ce succès tant critique que public, d'autant qu'il n'a pas été broyé sur son premier passage et qu'il a confirmé son style méticuleux. Le premier film important de cette année 2012. A ne pas rater.


 La piste aux Lapins :


"Une affaire de famille" De: Hirokazu Kore-eda



La Palme d'Or 2018 revient donc au japonnais Hirokazu Kore-eda qui comme à son habitude (Notre petite sœur, Tel père tel fils), nous parle de son thème de prédilection, la cellule familiale.


Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. Très rapidement l'ensemble de la famille va adopter l'enfant et s'en prendre d'affection.


Kore-eda choisit la fable sociale avec ces affreux, sales et méchants japonais, pour nous raconter que la famille n'est pas forcément liée u sang mais qu'une famille choisie est bien plus forte. Il dépeint le portrait de roublards qui volent et arnaquent mais ont un cœur. Le couple central de la famille ne peut pas avoir d'enfants mais aime les enfants même si ce qu'il leur inculque est le vol et non les bonnes manières.

Le réalisateur choisit de filmer en quasi documentaire ces personnages hauts en couleur, souvent drôles et qui n'ont rien à perdre car la vie ne leur a rien donné.


Le film est solaire et très positif, axé sur le côté généreux des personnages, même des plus sombres comme cette grand-mère dont on se méfie et qui semble cacher de lourds secrets. Mais Kore-eda ne nous en montre que les aspects sympathiques, laissant le côté sombre s'expliquer en quelques scènes. Surtout, il rend attachant chacun d'entre eux et nous donne envie de croire en leur bonne fortune, en leur idéal de vie, hors des lois qu'un Etat peut tolérer.


Son film est simple et émouvant et touche juste. Il fait fi de la morale pour mieux décrire ce quotidien de bric et de broc d'une famille composée de toutes pièces qui accède au bonheur d'être ensemble.


Cette chronique sociopolitique a su toucher le jury du festival de Cannes et ne pourra pas vous laisser insensibles de part sa minutie et la justesse de son message.


La piste aux Lapins :




Je verrai toujours vos visages


e pitch : Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation...


La réalisatrice Jeanne Henry, qui a signé le très réussi Pupille, revient avec un film à la thématique très originale, portée par un scénario simple et efficace et une brochette d'acteurs tous d'une justesse incroyable. On a un immense plaisir à retrouver Elodie Bouchez et sa voix douce et son regard plein d'empathie qu'on n'a pas assez vu ces 15 dernières années. Adèle Exarchopoulos, et Leïla Bekhti sont excellentes et livrent un jeu d'un très haut niveau avec un naturel confondant. On de la chance d'avoir des actrices d'un tel talent en France. Revoir Fred Testot ou Miou Miou au milieu de ce casting hétérogène composé de Gilles Lellouche, Jean-Pierre Darroussin, la solaire Suliane Brahim ou Dali Benssalah, qu'on préfère largement ici avec sa brutalité fragile que dans le tristement raté Athéna.


Le film est grand car il est utile. Ce film là devrait être diffusé très largement pour parler du civisme et de ce que doit être un ciment social dans une démocratie moderne. Il aborde frontalement des sujets qui font le terreau de l'extrême droite mais apporte de l'espoir via ces expérimentations fragiles, qui demandent un engagement volontaire des victimes et d’agresseurs. Le film est passionnant de par l'investissement des bénévoles qui sont croqués avec beaucoup d'intelligence via des acteurs qu'on connait et qui portent en eux des valeurs comme Darroussin.


Il l'est aussi de par l'espoir qu'il fait naitre d'une part d'une réinsertion et d'une prise de conscience de l'impact des actes par les agresseurs, de l'impact du mal auquel ils ne réfléchissent même pas. Et du côté des victimes, c'est l'acceptation et non pas le pardon qui est recherché. Comprendre l'autre et le laisser s'exprimer, dans les deux sens. Une méthode qui permet aux condamnés de faire un pas vers la vie civile en réalisant au delà des peines qu'ils purgent, le fossé et les blessures qu'ils ont créés. La technique leur permlet aussi de prendre conscience qu'une partie de la société veut faciliter leur réinsertion. Et côté victimes c'est ce deuil de la douleur et du trauma qui est recherché en les confrontant à d'autres agresseurs que les leurs, pour d'une part avoir un discours de vérité avec eux et d'autre part tuer les chimères et les peurs qui se sont enfouies dans leur subconscient suite aux chocs traumatiques.


Le film est construit avec une grande intelligence et ne verse absolument pas dans une forme d'angélisme sur la rédemption, en montrant que certains agresseurs peuvent rester fermés dans leurs croyances qu'ils ont des justifications ou des excuses à leurs actes. Le film n'est pas binaire. Il est à la fois axé totalement sur la psychologie et la capacité d'écoute mais aussi sur une volonté d'aller de l'avant vers la lumière et un avenir allégé même si rien ne s'oublie totalement.


"Je verrai toujours vos visages" est un grand film choral et un grand film social. La générosité et la spontanéité des interprètes comme la limpidité du scénario et de la mise en scène font du film un moment facile à regarder et hyper intéressant sur le fond car pédagogue sans être donneur de leçons. C'est un film qui redonne foi dans la nature humaine et çà c'est énorme dans un monde où on ne s'écoute plus, où on zappe et scrolle sans réfléchir. Le temps et le dialogue sont ici le personnage principal d'un film en tout point réussi. Courrez-y !


La piste aux Lapins :


The ghost writer

De: Roman Polanski

Le dernier film de Roman Polanski, auréolé d'un ours d'argent à Berlin sort dans un climat particulier, celui de sa probable extradition aux Etats-Unis. A 77 ans, Polanski signe l'un de ses meilleurs films, peut être son dernier, probablement même.

Et si c'était son opus final, ce serait un beau départ, une compilation de tout ce qui fait le génie du bonhomme, un regard ironique et brillant sur une carrière qui ne l'est pas moins.

 

Pour moi, cela faisait 20 ans qu'il n'avait pas signé de film marquant. "Le pianiste", malgré sa palme d'or et ses oscars, m'a profondément emmerdé par sa réalisation ultra académique.


L'histoire de ce "ghost writer" est celle d'un écrivain, Ewan Mac Gregor, choisi par l'entourage d'un ex-premier ministre, Adam Lang (Pierce Brosnan), pour rédiger ses mémoires et lui servir de nègre. Mais voilà, l'homme politique a un passé sulfureux et s'est isolé sur une île proche des Etats-Unis. Le "nègre" doit donc s'y rendre et s'enfermer avec Adam Lang et ses proches pour pondre son livre en un mois. Et il va faire l'objet de pressions incroyables quand des révélations politiques vont commencer à surgir autour de son hôte...


Quand on visionne le nouveau Polanski, il est impossible de ne pas penser au cinéaste assigné dans sa résidence en Suisse. Nul doute que durant le montage du film, cette situation a du jouer. Pourtant, il ne faudrait pas y voir un parallèle évident mais plutôt une coïncidence. En effet, on reconnait surtout les obsessions de Polanski qui ne datent pas d'hier mais d'il y a 40 ans...dès ses premières réalisations.


En effet, cet écrivain joué par Ewan Mac Gregor est reclus sur une île, qui semble hostile par son mystère, le temps pourri qu'il y fait, l'isolement de la maison dans laquelle il est logé et surtout les énigmatiques personnages qui l'entourent. Une situation idéale pour faire monter une paranoïa hitchcockienne. Mais c'est bien à lui même que Polanski fait des clins d'œil. A sa propre filmographie, à "la neuvième porte" et "frantic" pour la course poursuite et le jeu de pistes, à "pirates" et "le bal des vampires" pour l'humour décalé, à "le locataire" ou "répulsion" magnifique film oppressant avec Catherine Deneuve...et enfin les cadavres dans le placard de politiciens bien sous tous rapports ("la jeune fille et la mort"). C'est donc un film somme.

 

Il est vraiment plaisant de voir un thriller différent, qui a une personnalité et un style, celui du réalisateur. Par exemple, là où la plupart des films du genre mettent la pression très vite, Polanski agrémente de touches d'humour assez surprenantes les premières scènes pour les espacer de plus en plus. Il avait tenté ce genre de mélange dans "la neuvième porte" mais le résultat était hélas totalement raté.


Ensuite, l'utilisation du lieu est toute caractéristique. Cette grande maison aux baies vitrées donnent l'illusion de liberté alors que lorsque le personnage met les pieds dehors, il ne peut rien faire, c'est une île où il n'y a rien. Le temps est triste, venteux, pluvieux, pas très rassurant. L'isolement, le vrai est bien là, glacial. Et une fois cette impression bien présente, le cadre est dressé et le danger peut surgir de nul part, la tension est à son comble. Enfin, les personnages qui peuplent cet univers si particulier ont tous quelque chose à cacher sous leurs dehors pas forcément antipathiques. C'est un peu la même impression que les chers voisins de Mia Farow et John Cassavetes dans "Rosemary's baby" du même Polanski. Des individus malsains, qui cherchent quelque chose d'autre que la raison officielle du livre de mémoires à écrire.

Polanski réussit quand même à rendre haletant une course poursuite où le héros se ballade avec une valise à roulettes, c'est franchement pas banal, l'ironie est toujours présente et donne à l'ensemble un charme incroyable.


Enfin, il s'amuse de son rapport aux Etats-Unis, cet endroit où il ne peut plus mettre les pieds depuis 30 ans. Il moque par l'absurde l'hypocrisie de leur puritanisme érigé en étendard. Les défenseurs de la bonne morale savent si bien s'assoir dessus quand l'intérêt de l'empire entre en jeu.


Et dans ce jeu du chat et de la souris, Ewan Mac Gregor nous prouve qu'il est un très bon acteur. Un acteur classique certes, un peu le gendre idéal, mais qui connait bien la nuance. Son personnage d'Obi Wan Kenobi dans Star Wars nous a un peu fait oublier le reste de sa carrière, "petits meurtres entre amis", trainspotting", "le rêve de cassandre", "velvet goldmine". La trilogie star wars lui a fait plus de mal que de bien. Il revient donc au sommet avec ce film, avec "I love you philipp moriss"  au côté de Jim Carrey et dans "les chèvres du pentagone".

  La "persécution" médiatique de Polanski, que l'on soit d'accord ou pas avec, peut aussi trouver un écho dans celle que subit cet ex-premier ministre britannique (Pierce Brosnan). La fuite, il connait bien, et savoir où se cacher quand l'ennemi a les pleins pouvoirs c'est comment dire ? délicat. De toute évidence, ce thème est un testament de Polanski qui renvoie à sa propre histoire. Que peut-il faire aujourd'hui que la meute a décidé d'accorder les pleins pouvoir aux Etats-Unis. Rien. Game over.


Mais comme tout grand film, vous n'avez pas besoin de connaitre la vie de Polanski ou sa filmographie pour l'apprécier. Allez voir "the ghost writer" non pas pour la polémique entourant l'affaire Polanski mais bien pour voir ce que c'est que le travail d'un grand metteur en scène, un film élégant, sans fioriture, où il n'y a pas de scène inutile. Terriblement efficace et bourré d'adrénaline.

  

 La piste aux Lapins :







Blitz

De Steve McQueen


Steve McQueen, le réalisateurs des excellents "Hunger" et "Shame" avait connu la consécration du grand public avec son film oscarisé "12 years a slave". Mais depuis "Les Veuves" en 2018, il s'est tourné sur une anthologie de moyens métrages, Small axes, et n'est pas revenu au long format.


C'est sur AppleTv qu'on retrouve le metteur en scène avec Blitz.


Il y conte des histoires de londoniens durant le Blitz (le bombardement de l’Angleterre par les Allemands) au cours de la Seconde Guerre mondiale.


Les enfants sont alors envoyés à la campagne tandis que la population se cachent dans le métro. On y suit un enfant de 9 ans envoyé de force hors de Londres qui décide de fuir pour revenir dans la capitale et retrouver sa mère, incarnée par l'excellente Saoirse Ronan.

Si le film est réalisé de façon efficace avec de gros moyens, il souffre de son personnage principal, ce gamin auquel on a du mal à s'attacher. Le point de vue à hauteur d'enfant n'est pas la meilleure idée du siècle. Le film est intéressant et divertissant mais c'est à coup sûr l'une des moins bonne propositions d'un grand réalisateur qui semble avoir perdu de son identité dans cette thématique déjà vue et revue. Surtout, la mise en scène est bien trop classique pour tenir durablement l'attention.


La piste aux lapins :




"Tetris" De : Jon S. Baird


Sur Apple Tv

L'incroyable histoire du plus populaire des jeux vidéo et comment il a rencontré la ferveur des joueurs du monde entier. Henk Rogers découvre Tetris en 1988 et risque le tout pour le tout lorsqu'il se rend en URSS, où il s'allie à Alexey Pajitnov, pour faire connaître le jeu au monde entier. Inspiré d'une historie vraie, Tetris est un explosif thriller sur fond de guerre froide, avec des traîtres, des héros improbables et une infernale course contre la montre.


Je n'aurais pas misé un euro sur ce film produit par Apple Tv et pourtant il est vraiment réussi.

Le réalisateur choisit de nous raconter l'histoire certes de façon un peu bourine parfois en se prenant au jeu de son concept mais le résultat est plaisant.


 Taron Egerton, connu pour Kingsman et Rocketman, excelle dans le rôle de cet homme vivant avec une asiatique avec des enfants asiatiques, passionné de jeux vidéos et qui va tout faire pour récupérer les droits en Russie. Le film est enlevé, souvent drôle et monté comme un thriller, ce qui est en soit un excellent concept pour décrire la folie de cette aventure insoupçonnée.


L'équiper arrive à créer un vrai suspens et nous faire retourner dans l'URSS des quelques années avant la chute du mur.


Une très bonne pioche.


La piste aux Lapins :




"The Tragedy of MacBeth" de: Joel Coen


Joel Coen réalise son premier film véritablement en solo sans son frère Ethan Coen.

Joel a certes été crédité seul sur certains de leurs chefs d’œuvre mais ils se partageaient en réalité les postes de scénariste et réalisateur sur chaque projet.

Et c'est Shakespeare qui va les séparer le temps d'un seul film espérons le. Joel Coen adapte donc MacBeth avec Denzel Washington et Frances McDormand.

Orson Welles, Roman Polanski et Justin Kurzel ont tous adapté la pièce, les deux premiers avec brio, le dernier de façon plus contrastée.Mais c'est sans doute Le château de l'Araignée d'Akira Kurosawa qui demeure la meilleure adaptation de la pièce.

Frances McDormand a joué très jeune du théâtre et adore Shakespeare. Or elle est la femme de Joel Cohen depuis 35 ans...On lui doit des rôles fabuleux chez les Coen dans Sang pour sang, Arizona Junior, Miller's Crossing, Fargo (Oscar de la meilleure actrice), The Barber, Burn After Reading. Elle a aussi été excellente chez d'autres dans Mississippi Burning, Short Cuts de Robert Altman, Lone Star de John Sayles, Presque célèbre de Cameron Crowe, This Must Be the Place de Paolo Sorrentino, Moonrise Kingdom de Wes Anderson, et Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh, qui lui vaudra son second oscar de meilleure actrice et Nomadland de Chloé Zao qui vient de lui permettre de remporter un 3ème Oscar.

Une fois encore elle est au diapason et Denzel Washington, qui est un bon acteur à la carrière franchement pas terrible, trouve enfin un rôle à la hauteur de son talent.Joel Coen choisit l’abstraction plutôt que des scènes de bataille grandiloquentes et ramasse son film sur 1h45 pour éviter tout temps mort.

Alors certes c'est en noir et blanc mais d'une beauté sublime qui fait penser à The Barber, l'autre film que Joel a réalisé seul.

Le dispositif est volontairement minimaliste avec des décors superbes rappelant rappelant l'origine théâtrale. Mais cet écrin permet au texte de William Shakespeare d'être déclamé dans son entièreté et la puissance qu'on lui connait. Ce choix accentue le cauchemar limite surréaliste dans lequel les protagonistes se sont enfermés et jetés par pure vanité et ambition.Macbeth illustre ce venin qui rend les hommes fous de pouvoirs quitte à renier tous leurs principes, à commettre l’irréparable et à descendre moralement aux enfers sous le poids de la culpabilité d'avoir mal agi ou la paranoïa qu'un autre tout aussi avide de pouvoir vole la couronne une fois installé.

Le réalisateur culte, le maitre Coen livre un excellent opus, loin de ce qu'on pouvait attendre de lui, un hommage à l'expressionnisme allemand assez fascinant.

Le jeu d'acteurs est sublimé par sa mise en scène et ses effets sombres. Car il joue de ce noir et blanc et de ces décors irréalistes pour assoir la noirceur de plus en plus grande qui envahit les personnages. Le seul bémol est l'absence de grain de folie qui caractérise pourtant tant de film des frères Coen. Ici le sujet traitant de folie aussi, le réalisateur préfère rester d'une grande sobriété, ce qui peut rebuter certains alors qu'un souffle d'originalité sur la mise en scène aurait rendu le résultat plus grand public. Après les Coen utilisent la folie et l'absurde par l'humour, ce qui ne se prête pas du tout à la pièce de Shakespeare. C'est peut être cette peur de sonner faux qui a incité Joel Coen à jouer la prudence. Le résultat est donc très bon mais il manque un je ne sais quoi pour qu'il atteigne une marche plus haute.


La piste aux Lapins :





Le Ministère de la Sale Guerre


De Guy Ritchie

Après Arnaques, Crimes et Botanique, et Snatch, le réalisateur Guy Ritchie a retrouvé Jason Statham près de 20 ans après leurs deux films cultes pour le remake du film français le Convoyeur à savoir "Un homme en colère" puis "Opération fortune".

Il faut dire que le réalisateur Guy Ritchie s'est grave planté avec Le Roi Arthur : La légende d'Excalibur, avant de se racheter une bankabilité à Hollywood en tournant l'efficace mais fadasse reboot live d'Aladdin, qui fut un carton. Puis il est revenu à ses premières amours en réalisant le très réussi film de gangsters, The Gentlemen.


Guy Ritchie va cette fois-ci s'intéresser à des espions (ce qu'il avait fait avec Code UNCLE, des agents très spéciaux) britanniques envoyés en pleine Allemagne Nazie dans l’adaptation du roman de Damien Lewis, The Ministry of Ungentlemanly Warfare.


En 1939, le Premier ministre britannique Winston Churchill   décide de créer une milice secrète de douze hommes autorisés à ne rien respecter des conventions de guerre, en sabotant autant qu'ils peuvent l'ennemi de l'intérieur, et en sachant que si ils sont arrêtés, l'Angleterre ne fera rien pour les sauver.


Forcément, on pense aux Douze salopards de Robert Aldrich et à Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. Henry Cavill qui avait déjà joué pour Guy Ritchie dans UNCLE, des agents très spéciaux, jouera donc un espion anti nazi aux côtés de Eiza González, Cary Elwes, Alex Pettyfer ou Til Schweiger.


C'est bourrin, on ne ré"fléchit pas , les personnages sont funs et c'est efficace.


Après Guy Ritchie ne se foule pas trop pour en faire plus qu'un action moovie un peu classe. Le charme de Cavill est là mais il en faudrait un peu plus pour qu'on se souvienne du film plus de deux jours. Le réalisateur a cette fâcheuse tendance à enchainer plus vite que son ombre les réalisations sans se poser assez longtemps sur le supplément d’âme qu'il devrait ajouter si il souhaite renouer avec le talent de ses meilleurs films. On a toujours reproché à Guy Ritchie cette facilité qu'il a à user artifices et d'explosion de violences pour rythmer son cinéma. Ses détracteurs ne sont pas prêts de changer d'avis. Du cinéma régressif mais amusant.


La piste aux lapins :



AIR

De Ben Affleck


Visible sur Amazon Prime

Sonny Vaccaro, le directeur du marketing sportif de chez Nike poursuit sans relâche Michael Jordan pour conclure un partenariat historique, avec son acolyte, Phil Knight, milliardaire et cofondateur de Nike.


Après Tetris, sorti sur Apple Tv, qui s'intéressait à la façon dont un indépendant avait réussi à acquérir les droits du célèbre jeu, c'est une histoire un peu similaire également sorti sur une plateforme de streaming, Amazon, qui arrive aujourd'hui.

Et c'est aussi le retour de Ben Affleck en réalisateur qui après les excellents Gone Baby Gone, Argo, s'est fourvoyé avec Live By Night et dans sa carrière à cause de sa dépression et son alcoolisme. L'acteur a réussi à s'en sortir et çà s'est vu dans The Tender bar ou Le dernier Duel, retrouvant sa place à Hollywood. Aujourd'hui il revient en grande forme en réalisateur.


Et pour se faire il offre le rôle principal à son meilleur ami, Matt Damon, comme toujours impeccable. Au delà de l'histoire classique du quinqua un peu looser qui croit en lui, la persuasion que Michael Jordan sera une idole et que Nike doit taper juste pour le convaincre est menée comme un thriller, avec plein de rebondissements. On n'évite certes pas le scénario winner ou quelques bon sentiments mais tout ceci reste sobre grâce à la mise en scène intelligente de Ben Affleck. Le film est souvent drôle et surtout il intéresse de part le poids que le marketing a pris dans les années 80. C'est historiquement un passage important du capitalisme actuel et qu'il est hyper intéressant d'observer par ce genre de success story, qu'on soit pour ou contre, juste pour comprendre.


Ce qui surprend et désarçonne c'est l'absence de cynisme, qui agacera probablement les personnes ne se retrouvant pas dans ce capitalisme là ou qui reprocheront de se concentrer sur l'image véhiculée et non l'attitude peu socialement responsable de firmes comme Nike. Mais ce n'est pas le propos de Air. Ce n'est pas un film politique et si un film doit être fait là dessus ce sera un autre. Celui-ci s'intéresse à la rencontre de la professionnalisation d'un sport avec l'utilisation de l'image, juste avant que ceci devienne en soit toute une économie ces 30 dernières années.


Une beau retour en grâce pour Ben Affleck.


La piste aux Lapins :




Le Loup de Wall Street

De: Martin Scorsese


En s'attaquant à l'histoire délirante de Jordan Belfort, jeune homme issu d'un milieu modeste, devenu courtier multimillionnaire en vendant du vent, Martin Scorsese renoue avec les histoires bigger than life qui ont abouti à certains de ses chefs d'oeuvres comme "Les affranchis" ou "Casino". La longueur du récit, 3 heures se déroulant à toute vitesse et la folie des personnages nous ramène forcément à ce must du must du grand maitre.

Mais c'est aussi près du superbe et écorché "A tombeaux ouverts" qu'il faudrait rapprocher ce "Loup de Wall Street", pour sa mise en scène au couteau, frénétique, son rythme délirant ne faisant qu'un avec son sujet.


Et pour leur cinquième collaboration, Léonardo DiCaprio livre une prestation hallucinante. C'est probablement le meilleur acteur de son âge et pour son père de cinéma qu'est Scorsese, il nous livre l'une de ses meilleures performances, génial de bout en bout.

Quand en sortant du film, on se dit qu'aucun autre acteur actuel n'aurait pu interpréter ce rôle, c'est que pour le coup, Léo est au top de sa forme.


DiCaprio avait déjà interprété pour Scorsese un grand mégalo addict aux drogues avec Howard Hughes dans "Aviator". Mais le film souffrait de longueurs et DiCaprio en faisait peut être un peu trop, justement.


Ici il est parfait. La débauche de grand n'importe quoi, de drogues en tout genre et de prostituées défilant dans les bureaux de la compagnie de courtage, sont autant de pétages de plombs euphorisants parfois, et transgressant la morale la plupart du temps. On peut être choqué par les lancés de nains mais ce qui marque le plus, c'est justement cette absence totale de limites morales, de bornes. Belfort et son équipe n'ont qu'un seul crédo, se faire du fric et partir du principe que tout est possible.


Cette exagération du mythe américain où n'importe qui peut partir de rien et se construire au sens capitalistique du terme, n'est cependant ni condamnée ni adoubée par Scorsese.


Ce dernier se contente de transposer une histoire hautement cinématographique par ses excès et se garde bien de rendre sympathique ou antipathique le personnage. D'ailleurs, l'idée de le juger ne vous traverse pas durant le long métrage, au même titre que le DeNiro de Casino ne suscitait pas de dégoût. Ici nous avons à faire à des malfrats en col blanc, prêt à tout et n'importe quoi. La seule différence est qu'ils ne tuent pas et vendent du rêve de devenir riche. Ils surfent sur les illusions entretenues par l'American way of life. A ce titre la scène avec Matthew MacConaughey est assez bluffante, même si pour le coup, son discours est un peu caricatural.

Virtuose et chaotique, le film est cynique sur l'envers du modèle américain, provocateur en diable, souvent très drôle. Mais l'absurdité de cette fuite en avant cache aussi l'obsession du personnage pour le plaisir, tel un ogre jamais repu, près aux comportements les plus suicidaires et dangereux pour avoir la possibilité de jouir une fois de plus.


Cette passion dévorante et cette course d'un type qui brûle la vie par les deux bouts, a forcément un côté enivrant mais aussi une facette sombre qui font du film une oeuvre bien plus complexe qu'elle n'y parait. Le rapport des américains à l'argent et du monde actuel aux apparences est décortiqué avec brio. "Le loup de Wall Street" est rock'n'roll et peu fréquentable mais il a la force de vous amuser et de vous tendre un miroir de nos vils instincts matérialistes sans jamais montrer du doigt, juste en se moquant, comme les blagues de mauvais goût du personnage principal.

"Le Loup de Wall Street" est donc le grand film qu'on attendait de Martin Scorsese après son "Hugo Cabret" un peu ennuyeux et beaucoup trop sage. Scorsese a 71 ans et il reste l'un des plus grands cinéastes en vie, à la carrière impressionnante, alignant des bijoux régulièrement, avec la même fougue qu'un jeune cinéaste. Alors certes, il revient à un genre qu'il maitrise parfaitement, loin de ses expériences sur "Gangs of New York" ou "Shutter Island", mais se serait débile de se plaindre qu'un grand cinéaste conserve son style pour nous livrer un nouveau chef d’œuvre. Or ce "Loup de wall street" en sera probablement un.


La piste aux Lapins :





The Covenant

De Guy Ritchie

Disponible sur Amazon

Lors de sa dernière mission en Afghanistan, le sergent John Kinley fait équipe avec l'interprète Ahmed pour arpenter la région. Lorsque leur unité tombe dans une embuscade au cours d'une patrouille, Kinley et Ahmed sont les seuls survivants. Alors que des combattants ennemis les poursuivent, Ahmed risque sa vie pour transporter Kinley, blessé, en sécurité. De retour sur le sol américain, Kinley apprend qu'Ahmed et sa famille n'ont pas obtenu la possibilité d'entrer aux Etats-Unis comme promis. Déterminé à protéger son ami et à rembourser sa dette, Kinley retourne dans la zone de guerre pour récupérer Ahmed et les siens...


Guy Ritchie n'a pas perdu son talent de mise en scène d'action et ses acteurs dont Jake Gyllenhaal sont excellents. Ceci donne un bon divertissement se déroulant en Afghanistan et faisant froid dans le dos quand on sait que le rideau s'est fermé sur cette population avec l’obscurantisme taliban. On a juste du mal à croire à la véracité d'un type revenant sauver son sauveur. D'ailleurs le film n'est pas tiré d'une histoire vraie. Ce manque de crédibilité nuit à l'ensemble et c'est dommage car le film se regarde bien.


La piste aux Lapins :



"Palm Springs" de: Max Barbakow



Sur Amazon Prime


Avec ce film original Amazon Prime, Max Barbakow nous sort une comédie loufoque et drôle sur le même concept que "Un jour sans fin" mais avec les réflexions des années 2020.


Cette histoire de boucle temporelle, vue maintes fois, pourrais lasser mais déjà le film dure 1h30 et les trouvailles sont assez débiles pour faire rire d'un humour cynique et désabusé.


Palm springs  a donc tout d'une petite comédie déjà vue et revue mais se permet une belle réflexion sur le quotidien et ce à quoi on aspire, qui fait écho aux confinements que l'on a vécus depuis le début de la pandémie. La référence n'est pas directe mais comment ne pas voir de nombreux messages et clins d’œils dans cette histoire dont l'ambition est bien plus forte que son concept de base.


Le réalisateurs se base sur un duo d'acteurs parfaits dans leurs rôles, Andy Samberg et Cristin Milioti, qui se refusent à tomber dans la mièvrerie de la comédie romantique et c'est tant mieux.

Le film touche au sujet du désir de pouvoir se lâcher et des limites de la liberté. Mieux le film se permet un certain spleen, une quête de sens toute mêlée de multiples paradoxes.

On est à la limite de l'hymne à la décroissance, au refus du consumérisme pour ne conserver que l'essentiel.


Et sous ses faux aires de comédie acide et cynique, Palm springs fait l'inverse et surtout fait preuve d'une grande humilité.


Une très bonne surprise.


La piste aux Lapins :




"Saltburn" de Emerald Fennell


L'étudiant Oliver Quick, qui peine à trouver sa place à l'université d'Oxford, se retrouve entraîné dans le monde du charmant et aristocratique Felix Catton, qui l'invite à Saltburn, le vaste domaine de sa famille excentrique, pour un été qu'il n'oubliera pas de sitôt.


Curieux film que ce second long métrage de la réalisatrice du remarqué Promising young woman.


Sur fond de critique du différentiel social entre ultra riches et les autres dans notre monde actuel, Emerald Fennell livre une satire parfois jouissive et parfois un peu creuse et attendue. Surtout, l'image qu'elle donne d'une bourgeoisie ultra fortunée semble assez irréaliste, les gros châteaux du style de Saltburn appartenant rarement à une simple famille bourgeoise. Il aurait été intéressant de voir d'où venait la fortune du patriarche car le film est peu crédible à ce niveau là. Les personnages sont donc à baffer comme attendu, notamment cette mère désabusée et cynique jouée par Rosamund Pike. Sous des airs de bienveillance pour les autres et d'aide à ces derniers, la petite famille est terriblement seule et cherche surtout à se distraire en s’intéressant à d'autres individus dans le besoin, les jetant ensuite tels des jouets cassés lorsqu'ils sont moins intéressants.


C'est comment dire...caricatural. Le film aurait pu fonctionner si il avait été totalement perché et assumait ses gros traits avec un délire adéquat irréaliste. Certes il y a plusieurs scènes qui choquent mais qui hélas sont faites pour cela, du cunnilingus dégueu à la fameuse scène de la baignoire. Le tout est donc trop factice et scénarisé pour choquer le chaland sans vraiment de fond.


Le doute vient du fait que les images sont léchées et la mise en scène plutôt réussie et surtout que les deux acteurs principaux sont excellents.


Barry Keoghan et sa tête franchement bizarre effraie toujours autant par son aspect énigmatique et sa partition entre l’incrédulité d'un jeune homme en admiration devant un autre jeune homme beau intelligent et riche et d'autre part une perversion qu'on sent poindre et une folie dont on ne sait si elle est latente ou si elle flatte juste nos a priori.


La vraie révélation reste cependant Jacob Elordi, seul personnage "normal" du film, qui au delà de son physique, dégage quelquechose, du chien, un petit truc en plus où on reconnait un énorme potentiel de star. Robert Pattinson a peut-être trouvé son successeur de 10 ans de moins, en moins tête à claque qu'à ses début. Elordi a été découvert dans la série Euphoria de HBO, que je n'ai pas vue mais qui a défrayé la chronique. On le verra tout début janvier 2024 en Elvis Presley dans le Priscilla de Sofia Coppola. Il choisit pour l'instant des auteurs puisque qu'il partagera l'affiche de Oh, Canada de Paul Schrader avec Richard Gere. Classe.


Pour revenir à Saltburn, disons que le film provoque autant d'attrait que de malaise et laisse sur un entre deux.


La piste aux Lapins :




"Snatch" de Guy Ritchie


Avec Jason Statham, Brad Pitt, Vinnie Jones

Franky vient de voler un énorme diamant qu'il doit livrer à Avi, un mafieux new-yorkais. En chemin, il fait escale à Londres où il se laisse convaincre par Boris de parier sur un combat de boxe clandestin. Il ignore, bien sûr, qu'il s'agit d'un coup monté avec Vinny et Sol, afin de le délester de son magnifique caillou. Turkish et Tommy, eux, ont un problème avec leur boxeur, un gitan complètement fêlé qui refuse de se coucher au quatrième round comme prévu. C'est au tour d'Avi de débarquer, bien décidé à récupérer son bien, avec l'aide de Tony, une légende de la gâchette.






La piste aux Lapins :



"Dans la brume" de Daniel Roby


Le film de genre français est décidément sur une bonne voie après "La nuit a dévoré le Monde" puisqu'après le film de zombie à Paris, c'est le film catastrophe très inspiré de "The Mist" de Stephen King.

Il est d'ailleurs très étrange que le film ait été caché à la presse avant sa sortie, ce qui en général est très mauvais signe. En effet le résultat est très réussi, les critiques au final de très bon niveau mais la publicité de fait moins puissante.


Romain Duris trouve un nouveau bon rôle et prouve l’intelligence de ses choix de carrière dans ce père de famille séparé, dont la fille adolescente est atteinte d'une maladie orpheline qui l'oblige à rester enfermée dans une bulle.


Une étrange brume mortelle submerge Paris après un tremblement de terre et tue l'ensemble des êtres vivants qui la respirent. Les survivants sont ceux qui arrivent à atteindre les derniers étages des immeubles ainsi que les toits. Comment comprendre et survivre dans ce chaos ?

Mais aussi comment ne pas tomber dans le cliché du pathos, du personnage attendu, de la fin attendue, bref...du déjà vu ! Et bien Daniel Roby y arrive avec modestie et efficacité grâce à un scénario efficace et suffisamment surprenant. Et c'est une excellente surprise que ce survival intelligemment mis en scène et interprété, sachant utiliser des moyens simples pour rendre crédible ce Paris ravagé par la mort.


Le film est ambitieux et offre un nouvel objet digne de ce nom au fantastique.


La piste aux Lapins :











"La main de Dieu" ou "The Hand of God"


Sorrentino revient dans sa ville natale pour réaliser son film le plus personnel, qui mêle le destin et la famille, le sport et le cinéma, l’amour et les illusions perdues.


Un film magnifique, hyper drôle et hyper triste à la fois. Un chef d’œuvre.












"Le monde après nous" De Sam Esmail


Une famille qui rêvait d'une pause dans une luxueuse maison de location plonge en plein chaos après une cyberattaque qui neutralise tout appareil – et l'irruption de deux inconnus.


Enorme succès public sur Netflix mérité pour ce premier long métrage du showrunner de Mister Robot.


Doté d'un casting au top au premier rang desquels Julia Roberts, Mahershala Ali et Ethan Hawke, le réalisateur induit d'abord le doute sur le sens que prenda le film entre slasher post apocalyptique à haute tension ou film catastrophe. En fait ce n'est ni l'un ni l'autre et Sam Esmail surprend en permanene par le rythme plutôt calme de son récit entrecoupé de certaines scènes visuellement impressionnantes mais pas avec d'énormes effets spéciaux. De simples cerfs suffisent à créer un climax entre beauté et insécurité.


Et puis la thématique du film, à savoir un black out total d'internet et de tout ce qui y est lié et un retour en arrière, est somme toute hyper original et jamais traité jusqu'à présent. Or on a tous en tête que le risque terroriste via les hackers pourrait être l'un des prochains fléauds de l'humanité, après la pandémie mondiale de Covid 19.


Paranoiaque et destabilsant, Le Monde après nous est une très bonne surprise de cette fin d'année 2023.


La piste aux Lapins :



"Le Cercle des Neiges" De Juan Antonio Bayona


En 1972, un avion uruguayen s'écrase en plein cœur des Andes. Les survivants ne peuvent compter que les uns sur les autres pour réchapper au crash.


Difficile de porter à l'écran cette histoire sans tomber dans le sensationnalisme ou le glauque. Il y a déjà eu des tentatives bien moins réussies.


Mais Juan Antonio Bayona est un excellent réalisateur, derrière les déjà très réussis "L'Orphelinat" ou "Quelques minus après minuit". Il met son talent de mise en scène au service de cette histoire catastrophe où la montagne est juste magnifique mais aussi le linceul de jeunes gens qui avaient la vie devant eux. A ce titre, le choix du casting hispanophone de comédiens tous inconnus et jeunes, est très réussi. Ils apportent individuellement l’humanité nécessaire à chacune de ces destinées. Délaissant le grand spectacle, Juan Antonio Bayona opte pour un film de survie humble et axé sur le recueillement pour résister au froid.


Puis il aborde le cannibalisme avec une très grande intelligence. La pudeur, les questionnements, l'absence d'images chocs pour respecter les victimes sont une grande force du film.

 

Le film aurait pu durer un peu moins longtemps, il est vrai que 2h24 c'est beaucoup pour ce type d'histoire mais là aussi le réalisateur trouve des effets de rebond pour ne pas lasser le spectateur.

La tragédie s'avère alors aussi hallucinante d'atrocité, de courage qu'elle arrive à nous émouvoir.


Une réussite.


La piste aux Lapins :


“Inglorious Basterds”de Quentin Tarantino


Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d'une salle de cinéma.

Quentin Tarantino revient à son meilleur et surprend tout le monde par la fin de son film de cabochards, inspiré des 12 salopards mais avec sa propre narration, un Brad Pitt génial, la découverte de Christoph Waltz en nazi inoubliable ou d'un Michael Fassbender avant qu'il explose. Un très grand Tarantino, impertinent et drôle.




Rocketman de: Dexter Fletcher

Je me fout complètement de l'histoire d'Elton John, dont je ne suis pas particulièrement fan. Souvent je trouve les biopics ratés et encore davantage lorsqu'il s'agit de biopic sur des chanteurs. Le "Bohemian Rhapsody" commencé par Brian Singer et terminé par Dexter Fletxcher  après que Singer se soit fait virer du plateau, m'a moyennement convaincu. Heureusement il y avait la musique de Queen et un bon acteur pour interpréter Freddy Mercury. Et bien justement, c'est ce même réalisateur appelé en rescousse pour terminer le film sur Queen qui s'est chargé de ce "Rocketman" !


Et vous savez quoi ? C'est très très réussi !

Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord Elton John  a collaboré en tant que producteur et n'a pas été particulièrement tendre sur son addiction à toutes les drogues possibles et inimaginables, à l'alcool, au sexe débridé des années 70/80 mais aussi à son caractère mégalo suite à son succès fulgurant.

Et cette liberté de ton est non seulement bienvenue mais elle s'exprime dès les premiers instants lorsque le film explose en comédie musicale ! JE DÉTESTE AUSSI beaucoup de comédies musicales !!!!!! Sauf si elles surprennent comme La La Land  pour les dernières réussies. Et bien là, non seulement je me fout d'Elton John, je n'aime pas trop sa musique, je suis rétif aux comédies musicales, et pourtant, c'est très bon. C'est coloré, sans concessions sur le personnage et le milieu du show bizz tout comme sur les parents du chanteur, absolument flippants.


Ce qui ressort c'est une mise en scène inventive qui frôle avec le cinéma fantastique, un film généreux qui ne prend pas le spectateur pour un fan aveugle et un Taron Egerton décidément très bon et qui prouve qu'après Kingsman, on devrait le revoir souvent. Il avait besoin d'un rôle construit de la sorte pour s'émanciper de la franchise. C'est chose faite.


Et puis on sait que le film ne couvre pas tout et n'est pas fidèle, surtout avec le chanteur en producteur mais justement, on sent qu'il s'en amuse et nous envoie justement un message simple, il a galéré personnellement et a été très seul une bonne part de sa carrière. Et c'est surtout un survivant parmi les pop stars de cette époque.


Ce conte au regard cynique et tendre à la fois, bourré d'autodérision est probablement le plus beau cadeau qu'Elton John pouvait offrir à ses fans et aux autres dont moi, à savoir un film qui a LA classe et c'est énorme.


La piste aux Lapins :




Donnie Brasco

Avec Al Pacino, Johnny Depp



En 1978 a New York, l'agent special Joe Pistone est designe par le FBI pour infiltrer le clan Bonanno, une des familles les plus puissantes de la cote Est. Il contacte un modeste porte-flingue de l'organisation, Lefty Ruggiero, aupres duquel il se fait passer pour un specialiste en joaillerie du nom de Donnie Brasco. Coupe de son milieu, Donnie va peu a peu s'identifier a ceux qu'il doit detruire.


Un des excellents rôles de Johnny Depp à l'époque où il n'avait pas encore sombré dans son autocaricature, la drogue et l'alcool. Une rencontre au sommet avec Al Pacino.



La piste aux Lapins :




Fair Play

De Chloe Domont

Avec Phoebe Dynevor, Alden Ehrenreich


Une promotion inattendue dans un fonds d'investissement pousse deux jeunes amoureux au bord de la rupture et menace de détruire bien plus que leurs récentes fiançailles.


La réalisatrice choisit un angle original pour parler de féminisme et de misogynie dans le monde d'aujourd'hui ou plutôt dans une strate aisée de la population américaine, à savoir des traders sans foi ni loi.


En s'appuyant sur le style "50 nuances de Grey" et les films érotisant sur de jeunes trentenaires, elle use des codes sexuels un peu putassiers du genre pour mieux cibler son discours. Et au final, le film vire au thriller et réussit plutôt bien à toucher sa cible même si on voit un peu l'issue arriver et que l'impression de mixte de style, de pompage de scènes à droite à gauche donne un goût de déjà vu ou plutôt de recyclage intelligent de scènes et codes déjà expérimentées par d'autres. Il n'en reste pas moins un film efficace qui tient son suspens. Pas mal.


La piste aux Lapins :



"The Killer" de David Fincher


Après un désastre évité de justesse, un tueur se bat contre ses employeurs et lui-même, dans une mission punitive à travers le monde qui n'a soi-disant rien de personnel.


The Killer est du pur Fincher, précis, clinique, obsessionnel à l’image de son personnage principal qui raconte en voix off sa méthode pour exercer son métier, tueur à gage, sans fautes. Le manque d’empathie du personnage pourtant laissé à la dérive suite à un loupé de contrat, aurait pu rendre le film froid et distant. Mais le grand maître qu’est David Fincher n’oublie jamais l’humour ou le jeu qu’il aime entretenir avec son public. Certes le film a tout pour être un film d’action tendu mais il choisit de déjouer en permanence les attentes du public, avec une longue introduction parisienne où il fait toucher du doigts la patience répétitive et l’ennui du personnage, tout en distillant un regard cynique voire nihiliste qui se diffusera tout au cours du long métrage rappelant ma noirceur existentielle de Seven et Fight Club. Puis l’action déboule à des moments inattendus, violente et brutale, ultra réaliste et vient faire le job d’un film qu’on pourrait considérer comme mineur dans la filmographie du réalisateur de Seven, Fight club, Zodiac, The Social Network, Gone Girl ou coté séries House of cards et Mindhunter. Or il n’en est rien, le film continuant à rester en tête par ses images fortes, son climax très particulier et évidemment le jeu excellent d’un Michael Fassbender dans l’un de ses très bons rôles, lui qui se fait rare depuis cinq ans.


Fincher montre aussi un monde ultra connecté qui jette ses déchets et zappe ou scroll sur la séquence de vie suivante sans s’attacher véritablement au passé et sans prendre le temps de l’introspection. Son personnage agit ainsi de façon mécanique mais n’a pas véritablement de sens à son existence. Comme si le contrôle de tout pouvait donner du sens là où il créé souvent une forme de fragilisation des fondations du quotidien dès lors qu’un grain de sable vient perturber la machine. Ce regard froid sur une humanité qui l’est tout autant ne manque pas du cynisme légendaire que l’on connaît de ce grand maitre des 30 dernières années de cinéma qu’est David Fincher.


La grande classe de mise en scène de David Fincher éclate à chaque plan dans un film à la fois radical sur un tueur méthodique ultra maîtrisé comme Fincher a la réputation de l’être. Ce dernier va dérayer et tenter d’arrêter un système de destruction intrinsèquement programmé comme tel en agissant lui même avec une rigueur flippante et froide pour tout « nettoyer » avec perfection. Évidemment on pense au maitre qu’est Fincher et a sa réputation de tout préparer comme un métronome avec un souci du détail incroyable qui se traduit dans l’effet que provoque sa mise en scène sur le spectateur. Et c’est juste brillant.


La piste aux lapins :



"Le Comte" De Pablo Larrain



Augusto Pinochet est un vampire prêt à mourir, mais les vautours de son entourage ne le laisseront pas partir aussi facilement.


Avec Neruda et Jackie, Pablo Larraín a montré qu'il avait un réel talent pour justement ne pas tomber dans un biopic attendu. Il a un vrai regard, de vraies idées de mises en scène qui mettent l'histoire vraie au service du cinéma et de la mise en scène et non l'inverse. Le poète chilien et Jackie Kennedy ont eu droit à un traitement très classe. Son Spencer sur Lady Di m'a davantage laissé de marbre.


Sélectionné à la 80ème Mostra de Venise , le réalisateur chilien ose un "biopic" provocateur en présentant Augusto Pinochet immonde dictateur auquel il donnera les traits comme un vampire. Ce dernier vit caché dans un manoir mais décide d’arrêter de boire du sang au bout de 250 ans car il ne supporte plus son déshonneur et des conflits familiaux provoqués par sa situation. Il dé&prime et voudrait mourir.


"Le Comte" est plus facile d'accès qu'il n'y parait. Il est vrai que le noir et blanc, l'absence de stars et le thème ne risquent pas de déplacer les foules sur Netflix. Bien que le long métrage soit un peu trop long, il mérite qu'on s'y arrête. La charge de Larrain contre le dictateur et sa famille de parasites ayant massacré des milliers de personnes pour s'enrichir, est d'autant plus intéressante qu'elle s’effectue avec un grand cynisme. On y voit la bassesse et petitesse humaine de chacun de ses membres et leur manque cruel d'humanité. Le quotidien de ces monstres froids vus par le biais de la fable est une excellente idée. Le film est drôle parfois mais hélas le noir et blanc sublime n'empêche pas le macabre de finir pour tout envelopper faute de discours et de direction vraiment construite. Le réalisateur délaisse la charge pour le fantastique, ce qui évidemment fait perdre son expérience d'une grande part d'intérêt. Le film a pour limite et comme originalité la même caractéristique, son grotesque assumé. Mais tentez de regarder 20 minutes, personnellement j'ai poursuivi, curieux, si ceci vous gave vous n'aurez qu'à zapper. Expérience intéressante.


La piste aux Lapins :



"Ex Machina" de: Alex Garland


Le brillant scénariste de Danny Boyle, à qui l'on doit "Sunshine" ou "28 jours plus tard" passe à la mise en scène avec un thème vu et revu de nombreuses fois ces dernières années. Mais loin de mettre l'accent sur les effets spéciaux, simples et très réussis, à la différence d'un "I Robot" trop poussé dans l'action ou d'un "A.I" trop mièvre, Alex Garland décide d'utiliser le huit clos et le thriller psychologique...un autre genre qui sied bien à la SF.


Alex Garland s'intéresse donc à nos préjugés façonnés par des décennies de littérature et d'imageries sur l'intelligence artificielle, se rapprochant davantage des replicants de Blade Runner ou des androides d'Alien de Ridley Scott...en effet, pourquoi une intelligence créée de toute pièce devrait elle ressentir des sentiments ? L'homme rêve de récréer à son image un être intelligent mais peut il recréer des sentiments ou juste des faux semblants de sentiments, le robot pouvant d'ailleurs être assez intelligent pour les mimer, analysant tous les codes humains. Et puis surtout, que souhaite ce chercheur milliardaire joué par l'excellent Oscar Isaac ? Veut il créer des jouets sexuels, des esclaves, quel est son vrai but ? Tout le mystère du personnage est accentué par cette demeure isolée au milieu de vastes forêts et sécurisée tel un bunker high tech. Face à lui, le jeune Domhnall Gleeson est chargé de tester un dernier prototype de robot féminin joué par la très charmante Alicia Vikander.


Le film est efficace et évites certains clichés. On pourrait lui reprocher seulement le concept, celui du huit clos, qui à la fois tient tout le film et pousse parfois à de petites longueurs. La lenteur du film qui peut désarçonner certains spectateurs. On regrettera également que la mégalomanie du personnage d'Oscar Isaac ne soit pas plus travaillée. Mais si vous arrivez à dépasser ces tous petits griefs, vous passerez un moment distrayant et malin d'une part sur la notion de manipulation et d'autre part sur la perversité à vouloir contrôler l'autre.


La piste aux lapins :



"Spider-Man : New Generation" De: Bob Persichetti, Peter Ramsey, Rodney Rothman

Quelle excellente surprise que ce dessin animé survitaminé et intelligent qui renouvelle la thématique de Spider-Man avec grande classe.


Depuis les films de Sam Raimi, Sony nous a infligé deux affreux reboots particulièrement ratés et sans saveur pour au final rebooter de nouveau son super héros par la case Disney en s’associant à la firme aux grandes oreilles et en lui permettant d'utiliser le personnage dans plusieurs de ses films Marvel dont les Avengers.


Et au final c'est en revenant à l’essence du comic, le dessin et à sa multiplicité, que Sony  vient de signer un énorme coup de force. Le film est un tel succès critique et public que plusieurs suites seront lancées. Le film Venom qui était une bouse mais a cartonné va compléter ce multiverse Spider-Man autour duquel Sony va préparer le retour de son héros rouge.


Mais revenons au succès indéniable de ce "Spider-Man : New Generation".

Sony  choisit déjà de raconter une des histoires de Spider-Man qui a cartonné en comics mais n'a jamais été adaptée, celle de Miles Morales, un adolescent afro-américain qui se fait piquer par le même type d'araignée que celle qui a piqué Peter Parker, le vrai et originel Spider-Man.

Et c'est une idée géniale car le super-héros qui a connu six adaptations en 20 ans, voit sa meilleure se dévoiler devant nous. Le film est bien entendu très qualitatif au niveau de l'animation mais il mêle surtout diverses animations différentes, du style Pixar 3D de la plupart des dessins animés du moment au dessin animé en 2D classique, référencé pages de comics en passant par le manga et ceci dans un même plan. Ceci donne au film un hommage au pop art absolument sidérant. En multipliant les spider-man et en utilisant un arc narratif bien connu des comics, les jeunes réalisateurs insufflent une fraicheur inattendue.


Le film est très drôle, bourré de clins d’œils et de références jusqu'à la série Tv des années 70.

Le film est une explosion d'inventivité, de trouvailles graphiques, irrévérencieuses mais toutes au service d'une histoire qui se tient.


Les réalisateurs sont de vrais fans et sont généreux et çà explose à la figure. Ils mêlent les bulles de BD et la tradition à une esthétique acidulée. Leurs choix totalement hybrides et psychédéliques font de ce "Spider-Man : New Generation" le meilleur Spider Man jamais réalisé.


La piste aux Lapins :


"Boîte noire" de Yann Gozlan

Six ans après "Un homme idéal", le réalisateur Yann Gozlan retrouve Pierre Niney pour un autre thriller basé sur un concept fort et original.

Il nous immerge pour ceci dans un métier inconnu du grand public, celui de de technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile. Un jour un crash aérien du vol Dubaï-Paris dans le massif alpin amène Mathieu Vasseur, joué par Pierre Niney, en tant que responsable de sur l'enquête.


Et là un cercle vicieux va commencer à tourner avec une logique d’engrenages dont sir Alfred Hitchcock n'aurait pas renié la qualité d'écriture.

Car Boite noire a un scénario excellent, qui aurait pu aller trop loin, à force de rebondissements mais qui sait garder un équilibre juste. Il nous ballade d'hypothèses en hypothèses avec une réalisation de premier ordre, qui ne tombe pas dans la facilité et impulse un suspens comme on en voit rarement dans le cinéma français.


Décidément le cinéma français est en très grande forme en cette année 2021 et Yann Gozlan y apporte tout son talent dans la catégorie film à suspens parano.

Pierre Niney trouve ici un de ses meilleurs rôles, d'une justesse impeccable entre intellectuel persuadé d'avoir raison et jeune homme ambitieux pris par l'hubris au point de semer le doute.

Car au delà d'un scénario haletant et d’excellents seconds rôles dont André Dussollier, l'acteur Pierre Niney nous montre la palette de son jeu, de ses regards épris de doutes puis de conviction à la limite de la folie. C'est très très réussi.


On est scotchés de bout en bout par ce thriller excellent où l'obsessionnel efface toutes les frontières entre conviction complotiste et réelle manipulation.

La sobriété du film alliée à une originalité de climax proche du « Chant du loup » fait de ce "Boite noire" un film à voir de toute urgence !


La piste aux Lapins :



"Mank" de David Fincher


Un film exigeant mais génial sur les coulisses du tournage de Citizen Kane et la fin du cinéma muet. Passionnant, avec un Gary Oldman au sommet par l'un des plus grand cinéastes de ces 30 dernières années.
















"Les Deux papes" de Fernando Meirelles


Le réalisateur de "La cité de Dieu" et "The Constant Gardener" réalise pour Netflix ce biopic déguisé du Pape François en expliquant comment le pape Benoît XVI et lui, radicalement opposés sur à peu près tout, se sont trouvés et compris. C'est passionnant et porté par deux immenses acteurs que sont Anthony HopkinsetJonathan Pryce!,












"L’amant de lady Chatterley"


Emma Corrin et Jack O'Connell  sont très hots et parfaits dans cette nouvelle adaptation du roman de D. H. Lawrence,une vrair réussite.



Pinnochio de Guillermo del Toro


Un rêve de 25 ans pour le maitre du cinéma imaginaire horrifique, Guillermo del Toro. Son film est d'une beauté confondante et sa transposition dans l'Italie fasciste une excellente idée.








"Glass Onion : une histoire à couteaux tirés"


La suite du succès surprise 2020 "A couteaux tirés", film totalement inspiré des whodunit d'Agatha Christie, est très réussie, enlevée. Daniel Craig comme Edward Norton sont géniaux. Un film d'action et de rebondissements, drôle et fun.

 











Toujours sur Netflix, on passe à des films plus anciens mais des indispensables.



The big short



Avant de réaliser Don't look up, Adam McKay avait cartonné en critique et aux box-office avec ce film sur la crise des subprime amené par casting hétéroclye dont Ryan Gosling, Brad Pitt, Christian Bale, et Steve Carrell. Un film passionnant.



Ad Astra de James Gray


Encore un film de mon chouchou James Gray qui change à nouveau de style pour livrer un film de science-fiction brillant sur la quête de la reconnaissance paternelle avec un Brad Pitt au sommet. Un chef d’œuvre.




"Strictly Criminal" de: Scott Cooper


Après 15 ans de perdition totale dans des rôles où il se caricaturait, Johnny Depp revient à son meilleur.


Car on l'oublie un peu mais Depp est l'un des meilleurs acteurs de sa carrière, une carrière qui débuta par Tim Burton à son époque inspirée, le magnifique "Dead Man" de Jim Jarmusch, le génial "Las Vegas Parano" de Terry Gilliam, Emir Kusturica et son très beau "Arizona dream"...bref, un temps où Depp ne jouait ni pour le fric avant tout ni pour faire marrer ses gamins en se travestissant jusqu'à ne plus jouer que le même rôle incessant et agaçant, fatiguant. Quel gâchis...


Il aura fallu donc que Scott Cooper, excellent réalisateur de "Crazy Heart" et "Les brasiers de la colère" s'attaque à l'un des criminels psychopathes les plus terribles du crime organisé des années 70 et 80 pour que Depp rejaillisse. Alors certes, il est grimé une fois de plus mais bon, Marlon Brando avait assuré un retour fracassant en son temps en parrain de Francis Ford Coppola. La comparaison s'arrête là car "Stricty criminal" n’atteint pas ce niveau. Mais le film est très bon et surtout, il donne une image différente de ces rues de gangsters que Scorsese ou Brian De Palma ont immortalisées.


Johnny Depp incarne donc James «Whitey» Bulger, petit mafieux de Boston qui va prospérer en devenant informateur du FBI via un de ses "amis" d'enfance, John Connolly, joué par un Joel Edgerton tout en beaufitude et cynisme mêlés.


Depp est glaçant avec ses lentilles bleu-grises et son teint blafard. Il évolue tel un vampire manipulateur, capable d'une violence extrême à tout moment. Seuls trois personnes comptent, sa mère, son frère sénateur joué par le toujours parfait Benedict Cumberbatch, et son petit garçon. Le reste ne compte pas. Ou tout du moins le reste ce sont les affaires et les façons de les mener, par la peur. Comme si son humanité se limitait à trois personnes et peut être une cause, l'indépendance irlandaise. A part cela, le reste des humains sont des pions. Il incarne le crime organisé "personnifié" comme le dit l'un des personnages. Et c'est l'un des meilleurs rôles de Johnny Depp, assurément.


Et puis Scott Cooper est juste ultra doué. Le travail de reconstitution par son équipe du Boston des seventies est excellent. La mise en scène est tendue, brusque.


Hélkas ce film fut pour Depp une parenthèse dans sa décente aux enfers poursuivie avec l'étalage de son proces avec son ex, dommage.


La piste aux lapins :


Tout simplement noir



On ne pouvait pas rêver meilleur film que "Tout simplement noir", un mois et demi après le lancement du mouvement #blacklifvesmatter et alors que des manifestations ont eu lieu partout dans le monde, y compris en France.


Jean-Pascal Zadi  choisit l'humour pour faire passer son message et c'est sacrément efficace car il le fait en se moquant des propres excès d'un certain communautarisme tout en pointant du doigts l'essentiel.


Le personnage qu'il interprète est un acteur raté et sans talent qui veut organiser une grande marche noire en France pour dénoncer l'esclavagisme, l’absence de visibilité dans les médias et la discrimination des blancs.


Mais il est surtout pétri de clichés sur les noirs, ne connaissant pas les dates importantes, et balançant des énormités aux personnalités noires qu'il rencontre pour les convaincre de rejoindre sa marche.


"Tout simplement noir" est déjà très drôle, ce qui est loin d'être une habitude dans les comédies françaises.


Il joue la provocation et c'est vraiment marrant avec son casting de stars jouant leur propre rôle et se moquant d'elles mêmes avec un second degré ravageur. Fary joue l'humoriste entrepreneur et cynique, plus intéressé par son image que par le fonds, mention spéciale à sa fausse bande-annonce de film noir engagé ("Black love"). Lilian Thuram, Claudia Tagbo, JoeyStarr, Fabrice Eboué, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen, Mathieu Kassovitz, Soprano  et bien d'autres s'envoient des répliques bien corrosives qui rappellent la diversité dans la diversité et tordent le cou à l'intolérance de classe ou de milieu. Le film, en prenant les choses avec recul, livre au final un message bien plus profond qu'il n'y parait. La plupart de ces stars ne se définissent pas avant tout comme noirs là où le personnage va jusqu'à exclure les femmes noires par machisme ou refuser la main tendue d'artistes arabes ou juifs par pur aveuglement identitaire.


Le fait de démonter tout un tas de clichés tout en rappelant l'horreur de l'esclavagisme, de la colonisation et le manque de diversité est un vrai tour de force. Surtout Jean-Pascal Zadi et John Wax le font avec finesse et dénoncent l'identitarisme dans ce qu'il a de plus con.

Le brio du film est donc de ne pas s’essouffler dans son concept d'aller de star en star vanter les mérites de cette marche mal pensée et avec des fondements très légers. Chaque rencontre est une occasion de faire exploser une idée reçue soit par les noirs soit par la population dans son ensemble. Les incohérences et paradoxes du personnage sont mis à mal et le ridiculisent tout en faisant émerger sa sincérité et ce qu'il y a de vrai. La scène avec Omar Sy, très courte soit elle, montre qu'il se trompe de cible.


"Tout simplement noir" use de burlesque et de folie, de répliques hilarantes et arrive à atteindre son but grâce à cette satire de clichés vus par une communauté qui déjà n'est pas une communauté mais plusieurs.


Le film est jubilatoire tout en apportant de la complexité à l'identité noire à la française.


La piste aux Lapins :



Problemos

Avec Eric Judor, Célia Rosich, Michel Nabokov, Blanche Gardin


Jeanne et Victor sont deux jeunes Parisiens de retour de vacances. En chemin, ils font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul, sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la construction d’un parc aquatique sur la dernière zone humide de la région, et plus généralement contre la société moderne, la grande Babylone. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours. Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu…la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée…à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va-t-il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?

Une comédie hillatante co-écrite par Blancje Gardin avec toute la férocié qu'on lui connait.


La piste aux lapins :


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