De: Anne Fontaine
Le pitch : Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.
Le film use d'un procédé assez simple, suivre ses trois acteurs principaux et revenir en arrière à chaque personnage pour montrer des scènes déjà vues selon l'angle d'un autre personnage. C'est malin et surtout utilisé sans être lourd et çà ne dure que le temps de nous attacher aux personnages. Ensuite le film entre dans le thème à partir d'une superbe scène d'incendie d'un centre de rétention pour sans papiers. L'impression de fin du monde et d'absence d'ordre et de morale, faisant écho aux périodes sombres de l'histoire, donne à cette scène le rôle de courroie de transmission pertinent.
La force du film réside évidemment dans Omar Sy, Virginie Efira et Grégory Gadebois, tous les trois brillants de justesse, de profondeur, de nuance, un vrai film de personnages hyper bien écrits. On s'attache à eux pour diverses raisons et leurs personnages surprennent à plusieurs reprises.
Et puis surtout, la réalisatrice use du code du thriller, du film romantique ou du film de police sans jamais les souligner avec lourdeur. On passe d'une atmosphère à l'autre, d'un film à l'autre et ceci surprend, à bon escient. Cette diversité de points de vues, de choix de mise en scène sont vraiment excellents. Et il n' y a aucune scène de trop. 1h39, light et efficace.
Enfin le film s'intéresse moins à la fonction de policier, qu'elle traite avec justesse comme un métier difficile et raide durant le premier tiers, qu'à la morale des personnages, tant privée,
professionnelle que citoyenne ou en tant qu'être humain contraint par une règle, un cadre, mais qui a aussi des ressentis, des impressions, un jugement de valeur.
La force du film est qu'il est libérateur dans son propos sans être naïf, sans être revendicatif, sans être donneur de leçons à personnes. Ce n'est pas un film politique mais un film à hauteur d'homme et de femme qui exerce un métier ingrat et ultra codifié.
Un film très intelligent et mature porté par de grands acteurs.
La piste aux Lapins :
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