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Priscilla

De Sofia Coppola


Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.



Sofia Coppola revient avec son film le plus inspiré depuis une dizaine d’années. En s’intéressant à cette figure effacée qui vécut dans l’ombre d’une idole, elle dresse le portrait d’une condition féminine en sortie de seconde guerre mondiale mais s’intéresse surtout à la thématique de l’emprise. Jacob Elordi est à 1000 lieues du Elvis d’Austin Butler chez Baz Luhrmann. Il n’est pas flamboyant. Sexy certes mais curieusement sexuellement impuissant. La douceur et la tendresse du personnage, qui se comporte comme un connard à bien des égards, tranche avec l’image du king. Probablement sincère dans ses sentiments, il incarne une sorte d’idéal masculin pour cette jeune fille qui le regarde avec les yeux d’une adolescente qui vit un rêve.


Sauf que ce rêve ne va jamais s’incarner. En en faisant une femme objet, une poupée, il va être en contrôle total et l’empêcher de vivre véritablement, ne lui accordant même pas le plaisir charnel. L’histoire est en cela fascinante. Cailee Spaeny est la vraie révélation du film. Si fragile et gamine dans cette première partie, ce petit bout de femme semble juste fragile et manipulable. Puis on va la voir grandir sous nos yeux au fil des déceptions puis de l’acceptation par dépit, par fatigue aussi.


Pas évident de jouer cette transformation indicible sans en faire des caisses. Non ici l’actrice le fait tout en douceur, en gardant ce côté enfantin et en y rajoutant peu à peu par petites touches un éclat de tristesse dans les yeux, de plus en plus réalistes face à l’impasse de la vie du personnage. Sofia Coppola n’oublie pas pour autant le style qui fit son succès, usant de choix de décors, de vêtements et de bande-originale aidée pat son mari, le chanteur du groupe Phoenix. L’éclat de Marie-Antoinette a laissé la place à un kitch paradoxalement sobre et neutre, comme pour illustrer les sentiments vécus intérieurement par Priscilla Presley. Le seul bémol serait que la cage dorée dépeinte par Sofia Coppola finit par provoquer le vide qu’elle illustre. Une sorte de manque de présence d’émotion, réel dans le quotidien du personnage qui s’ennuie mais qui hélas prive la seconde partie d’une forme d’empathie puis d’investissement pour le personnage.


Le résultat est au final très bon mais l’envolée d’émotions qui aurait pu submerger la fin n’a pas lieu. Dommage.


La piste aux Lapins :



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