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Réparer les vivants

De: Katell Quillévéré


Traiter du don d'organe, du parcours de la famille du donneur à celle de celui ou celle qui est sauvé, est un sujet casse gueule. Plusieurs écueils auraient pu plomber le résultat.


Le pire était le pathos, le fait de s'apitoyer sur le sort de ce jeune homme à qui la vie sourit et qui se trouve fauché alors qu'il n'est même pas majeur. Katell Quillévéré a l'excellente idée de nous le rendre proche et quasi muet, en le suivant durant ses dernières heures de vie et de liberté. Quand les deux parents joués par Emmanuelle Seigner et Kool Shen apprennent la nouvelle et tentent de gérer peu à peu ce qui leur arrive, on est certes pris d'émotion, de compassion mais toujours avec une grande pudeur. Cette dernière vient du fait qu'il est inutile de rentrer dans des explications de texte, on se met à la place de cette famille de façon d'autant plus évidente que la réalisatrice nous a préparé au drame.


Le casting s'étoffe alors d'autres grands acteurs comme Bouli Lanners en chef de clinique méthodique et d'un grand sang froid. Il est professionnel et a l'habitude de voir de telles horreurs. Cette distance du personnage et du métier permet au film lui aussi de ne pas tomber dans la facilité. C'est aussi le cas du reste du personnel hospitalier dont l'excellent Tahar Rahim, dont l'humanité et la distanciation sont elles aussi mêlées avec grande intelligence.

On parcourt ainsi un chemin en même temps que la famille, en suivant de façon quasi documentaire les étapes de la décision.


Mais le film est surtout construit comme un parcours vers la renaissance, celle du personnage d'Anne Dorval, toujours aussi classe que chez Xavier Dolan. Elle se fane tout doucement, entourée de ses fils dont l'un joué par Finnegan Oldfield, qu'on a vu dans le très bon Nocturama en septembre. Alice Taglioni apporte quant à elle l'espoir pour l'après opération. L'opération de greffe est extrêmement détaillée, peut être trop mais c'est le parti pris au final globalement très réussi du film. C'est ce qui lui permet de rester digne et de provoquer des émotions sans à aucun moment s'enliser. Le film est mélancolique et triste certes mais avec toujours cette retenue indispensable. Le sentiment est en permanence celui de passer de la nuit au lever du jour. D'ailleurs, deux scènes se renvoient en miroir ce moment d'éveil, l'un vers la mort et l'autre vers la vie.


C'est un très beau film, à l'émotion subtile , à ne surtout pas louper.


La piste aux lapins :










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