De Ali Abbasi
Véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain, The Apprentice retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.
Il fallait du culot pour le réalisateur de « les nuits de Mashhad », pour s’attaquer au monstre qui fait vaciller la première démocratie du monde depuis 8 ans. Non que la cible soit compliquée tant le personnage est ignoble et le montre à en vomir sur les écrans du monde entier mais justement, la cible était peut être trop facile pour le cinéma.
On aurait pu craindre un enfoncement de portes ouvertes or le réalisateur préfère s'intéresser à l'origine du mal. Pourquoi ce personnage est-il devenu aussi égotique de manière psychanalytique ? Pourquoi est-il devenu obsédé par la réussite avec une forme de revanche sur lui-même ? Pourquoi étonne t-il le monde entier par son manque total d'empathie ? D'où vient sa forme d'auto-persuasion à écrire une vérité parallèle, à mentir sans aucune vergogne pour arriver à ses fins ? D'où lui vient sa capacité à être brutal et attaquer ses ennemis sans aucune retenue ni décence ?
Et bien Ali Abbasi nous l'explique par son histoire, sa relation à son père, sa honte pour son frère et la petitesse de son comportement malgré une émotion sincère. D'ailleurs le film est réussi car il n'est pas caricatural et ne montre pas qu'un énorme connard. Il montre un garçon plutôt gauche au départ et comment il a été façonné par son avocat, Roy Cohn, un horrible personnage sans scrupules, manipulant ses adversaires à coup de chantages en dessous de la ceinture. Attaquer! Attaquer ! Attaquer ! On voit dans le Donald Trump d'aujourd'hui toute l'ignominie du loup solitaire qu'il l'a créé. Ou plutôt la hyène. Jeremy Strong est absolument génial dans le rôle de bout en bout et Sébastian Stan livre un rôle aux antipodes de ses rôles Marvel, donnant un côté humain et beauf au personnage et illustrant sa veulerie avec finesse. Ses regards fuyants lorsqu'il décide d'abandonner un proche qui l'empêche d'avancer, son comportement de porc lorsqu'il balance à sa femme qu'il ne la désire plus et qu'elle ne sert plus à rien avant une scène effroyable.
Voici un biopic qui effectivement n'a pas du plaire au candidat à la maison blanche.
The Apprentice est l'histoire d'un monstre sans affect près à tout écraser pour réussir qui forme un jeune poulain qui apprend ses préceptes et les met en application avec encore moins de conscience car il ne jure que par une chose, lui. Une figure égotique fascinante de part son absence totale de limites qu'il va faire tomber les unes après les autres devenant le business man qui au final ressemble de très près au Président qu'il sera 30 ans plus tard.
Trump est ce que le capitalisme américain a produit de pire à la fin du XXe siècle et qui a sauté à la figure des démocrates du monde entier en 2016. Le film n'a aucun besoin de montrer le mauvais goût, le côté ridicule du personnage puisqu'on le connait déjà. Le film est donc bien plus froid sur ses motivations premières et ne montre pas du tout un abruti mais une personne déjà malade psychologiquement quand il avait 30 ans. Un personnage n'ayant jamais assez de gloire, de richesse et de réussite pour flatter son égo, quitte à tout détruire autour de lui. Reste un personnage très seul avec lui-même.
La piste aux lapins :
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