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Photo du rédacteurBlanc Lapin

The Batman

De: Matt Reeves



Robert Pattinson s'est efforcé après la série de films Twilight, mauvaise mais bankable de construire une filmographie exigeante chez David Cronenberg (Cosmopolis, Map to the stars), chez l'excellent David Michôd dans le non moins excellent "The Rover", dans le "Life" d'Anton Corbijn, "The Lost City of Z" de James Gray ou le plutôt réussi "Good Time" ou l'excellent "High life" de Claire Denis. Sa filmographie est donc exigeante et commence à avoir une sacrée gueule.

Il est le nouveau Batman et il est très bon, immédiatement crédible. Il faut dire que les scénaristes ont eu deux excellentes idées à propos du personnage. La première a été de lui donner un côté nihiliste de mec reclu et névrosé, vengeur la nuit mais qui n'a pas une très haute opinion de l'âme humaine, avec Nirvana en fond sonore pour bien appuyer l'idéologie du personnage. La seconde est de l'avoir ancré dans la fin de sa deuxième année d'activité. Il fait donc de nombreuses erreurs et se plante parfois, il est plus humain que les précédentes itérations du cape crusader.

Enfin la troisième idée géniale est de donner un ton ultra réaliste comme l'avait fait Christopher Nolan mais sous un angle totalement nouveau. Là où Nolan étant imbibé du monde terroriste et des dangers post 11 septembre avec des méchants tous dans cette optique de destruction, Matt Reeves choisit une autre voie réaliste. Fort de ses succès sur les deux derniers films "La planète des singes" ou de Cloverfield, le réalisateur utilise son talent de mise en scène indéniable et la noirceur du propos pour nous livrer un vrai film d'enquête sur un tueur en série, façon Zodiac.

Le Riddler joué par Paul Dano (There will be blood et Little Miss Sunshine), est effrayant à souhait à l'opposé du cabotinage insupportable de Jim Carrey dans le très mauvais film de Shummacher. Là le personnage est réellement effrayant et sa folie n'a d'égale que la perversité de son jeu de pistes. L'ossature du film s'articule donc autour d'un film très référencé au travail de David Fincher sur Seven et Zodiac et il y a pire comme comparaison. Le résultat est le film Batman le plus sombre, à mille lieues du cartoon gothique de Tim Burton, du Batman SF de Zack Snyder ou du Batman rédempteur de Christopher Nolan.

Avoir choisi de rajeunir le personnage sans expliquer son origin story et le meurtre des parents déjà vu et revu est une très très bonne idée. Elle permet à Jeffrey Wright de rentrer dans la peau du célèbre commissaire Gordon sans se coltiner tout l'explicatif du rapport avec Batman. Andy Serkis joue un Alfred bien plus paternel et proche de Bruce Wayne et donne lieu à l'une des plus émouvantes scènes du film.

Zoë Kravitz (Mad Max, Les animaux fantastiques) fait l'exploit en Catwoman, de faire oublier la prestation de Michelle Pfeiffer dans Batman le Défi ! Car comme son personnage est plus et mieux écrit, plus sombre aussi et moins cartoonesque, on ne peut pas les comparer. Mais sa partition est très réussie. Colin Farrell a très peu de temps à l'écran en Pingouin, antagoniste culte auquel Danny DeVito avait donné ses lettres de noblesse mais il marque le film pas seulement parcequ'il est méconnaissable mais parceque lui-aussi n'est pas au sommet de sa carrière de criminel, qu'on verra dans une série HBO Max où il reprendra son rôle. John Turturro complète ce casting très intelligemment constitué, en mafieux Carmine Falcone et apporte comme d'habitude son immense talent pour jouer la duplicité et la violence du personnage.

Matt Reeves impose donc le respect en se réappropriant une icône pour laquelle de très bonnes adaptations ont déjà été produites (ce qui n'est pas le cas de tous les super héros). Mais il le fait à contre courant de ses illustres prédécesseurs en mixant la cultissime Bd "Batman year One", le film noir de gangters et les références fincheriennes sans oublier l'action et sans oublier l'émotion, bien plus présente que dans les autres films. Les acteurs sont tous au diapason et on sent le travail d'orfèvre bien fait et très respectueux du public pour livrer un film différent.

Faire du neuf avec des personnages aussi célèbres et tellement de fois adaptés était le grand enjeu du film, base d'une nouvelle trilogie probablement. C'est un pari tenu de bout en bout. Respect total.


La piste aux Lapins :



































































































































Terrence Malick

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