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The immigrant

De: James Gray



Cinq ans d'attente nous séparent du précédent et magnifique film de James Gray, "Two lovers". Le cinéaste a de nombreux projets mais a beaucoup hésité. Et puis l'animal est très respecté en Europe mais pas franchement reconnu aux Etats-unis, sur ses propres terres.


Pourtant James Gray est l'un des plus grands réalisateurs de sa génération, il est aussi doué et marquant que Wes Anderson, Darren Aronofsky ou Paul-Thomas Anderson.

Comme à son habitude, son film "The immigrant" s'est fait descendre à Cannes avant de retrouver des couleurs dans la presse française de cette semaine, lors de sa sortie.

Gray retrouve son acteur fétiche, son double de cinéma, Joaquin Phoenix qui est parfait comme à son habitude, mélange d'animal fougueux et blessé. Mais cette fois-ci le réalisateur décide d'une part de livrer le premier rôle à une femme, Marion Cotillard et d'autre part de s'attaquer au film en costumes. L'histoire se déroule en 1921 à New York et suit Ewa, jeune immigrée polonaise dont la sœur est gardée à la frontière en quarantaine dès leur arrivée, pour cause de tuberculose. Ewa n'aura de cesse que de récupérer sa sœur et va pour se faire tomber sous la coupe d'un proxénète. Mais les rapports entre eux vont s'avérer plus nuancés et complexes qu'on pourrait l'imaginer.


Ceux qui n'aiment pas Cotillard risquent de ne toujours pas aimer. Perso, je trouve qu'elle joue bien, en tout cas dans ce film, elle n'en fait pas trop. Son accent polonais est impeccable et elle reste fragile sans jamais tomber dans la démonstration d'actrice. Gray arrive à donner à son histoire particulièrement sombre, des élans de drames qui font penser justement à ses précédents opus, où chaque personnage n'est ni bon ni honnête. Chacun essaye de se sortir comme il peut de la misère, quitte à exploiter l'autre, mais pas sans sentiments, pas de façon détachée mais avec une ambiguïté touchante.


La construction du film manque certes quelques peu du souffle qu'on a pu connaitre dans les précédents opus, mais globalement, le film vous tient en haleine et ne peut pas vous laisser indifférent. Il est vrai que James Gray sort rarement les violons et préfère une certaine pudeur, un certain recul que de verser dans du lacrymal démonstratif. Mais c'est tout ce qui accentue l'impact émotionnel de ses histoires.

Gray rend ainsi hommage à sa propre famille qui a du repartir de zéro une fois le pied en dehors du bateau, à ces millions d'anonymes qui ont du s'abaisser et accepter l'humiliation avant de s'intégrer. Le sous-texte politique, le regard historique et critique de James Gray sont des éléments clés de la réussite du long métrage. Le célèbre chef op Darius Khondji enrichit le film d'une superbe lumière chaude dans les intérieurs et glaciale en extérieur, accentuant l'antagonisme entre la liberté pour l'héroine de fuir dans l'inconnu ou celle d'accepter de poursuivre la prostitution dans un cocon protégé.


La subtilité du film et l'habituelle mais classieuse mélancolie de James Gray font de "The immigrant" l'un des très bons films de cette fin d'année à ne surtout pas louper.


La piste aux Lapins :





















































































































































































Terrence Malick

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