De Louise Courvoisier
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Ce coup de cœur du festival de Cannes a pour lui une forme de joie de vivre et de liberté qui tranche nette avec l'image des films sur Nord désœuvré à la Bruno Dumont, pour lequel on a envie de se tirer une balle à la fin de la projection. Non, ici, on est dans un Jura tout aussi campagnard et perdant de la mondialisation que les contrées industrielles ravagées du Nord, mais tout sonne juste. Le jeune Clément Faveau illumine de sa fraicheur et sa résilience malgré tous les éléments qui se liguent contre lui. Il est d’emmerde et de toute façon il n'a pas le choix donc il y va.
Vingt dieux est souvent drôle de par le naturel de ces acteurs non professionnels à l'accent à couper au couteau et aux expressions aussi directes qu'efficaces. C'est une sorte de feel good movie plus proche des Ken Loach où l'espoir est toujours là même quand on est issu d'un milieu pauvre, qu'on se retrouve sans argent, sans travail et dans une région ravagée par le chômage.
Le film allie cette drôlerie de ce personnage culotté à une sensibilité à fleur de peau qui s'exprime avec la même pudeur que le personnage de Totone, de sa copine et ses amis. Le film est émouvant de par son histoire d'amour maladroite ou son histoire d'amitié adolescente et virile.
Louise Courvoisier aborde ce quotidien rustique, dur et ingrat mais elle ne le traite pas avec misérabilisme mais avec un regard tendre pour des paysages et des habitants qui tiennent à leur terre, à leurs vaches, à leurs bals du samedi soir, aux ballades en moto et à leur région. La vigueur du film rend au côté rugueux de ce quotidien un vibrant hommage et un regard moderne.
L'authenticité de toutes ces petites touches d'humour, de tendresse et de constat de la rudesse d'une vie paysanne font de ce "Vingt dieux" l'une des dernières pépites de cette année 2024.
La piste aux lapins :
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